Rugby : mais qui est à l'origine du cluster qui paralyse le XV de France ?
Avec le report du match France-Écosse, c’est une véritable chasse aux sorcières qui a été lancée pour identifier l’origine du cluster au sein du XV de France. Après 16 cas de contaminations, la ministre des Sports réclame des sanctions.
Seize cas positifs en un peu plus d'une semaine : voilà ce qui a provoqué le report du match France-Ecosse, prévu initialement ce dimanche dans le Tournoi des six nations. Cependant, une question demeure : qui a été la première personne contaminée dans le groupe ? La Fédération française de rugby (FFR) plaide la thèse de l'entrée du virus via un joueur de l'équipe de France à sept, qui avait participé à des entraînements du XV de France avant le duel France - Irlande le 14 février dernier.
Qui est le "patient zéro"?
Mais le vice-président de la FFR, Serge Simon, tenait un autre discours lundi dans un entretien à Midi Olympique : "Notre seule certitude est qu'aucun joueur du XV n'a été contaminé par un joueur de France 7, puisque les cas positifs de cette semaine sont des transmissions à l'intérieur du groupe XV de France." Et d'assurer : "Le patient zéro, on le connaît : c'est notre préparateur physique."
Fabien Galthié soupçonné
Le préparateur physique a été le premier cas annoncé officiellement, le 16 février dernier. Mais Fabien Galthié, sélectionneur du XV de France, a été testé positif le même jour. Bernard Laporte, président de la FFR, a confirmé que Galthié, soupçonné d'avoir enfreint le protocole sanitaire, avait quitté la bulle pour assister, masqué, à un match de son fils à Paris. "Je ne vois pas où il y aurait un problème là-dessus", a estimé le patron de la FFR, apportant son soutien au sélectionneur.
"On a envie de comprendre qui a fait rentrer ce virus et comment il s'est propagé aux autres", a insisté quant à elle Roxana Maracineanu. Une enquête interne, demandée par la ministre, doit permettre de le déterminer. Un rapport de la FFR doit être rendu mardi a indiqué Bernard Laporte.
Une bulle ou du gruyère?
Roxanna Maracineanu a été claire : "Une bulle, il faut faire attention à ne pas en sortir (...) Dans le protocole qui nous a été présenté, il y a des conditions très strictes pour les sorties et les retours. Il faut être testé à son retour dans la bulle".
Bernard Laporte a reconnu sur RMC Sport vendredi que lui-même et des joueurs "se sont promenés dans la rue" à Rome "avec des masques", avant le match face à l'Italie le 6 février. "Mais cela ne veut pas dire casser la bulle ça!", a-t-il insisté. Le journal L'Equipe affirme avoir vu des joueurs manger des gaufres dans une rue de la capitale italienne mais "ils ont été retestés en rentrant", a assuré Bernard Laporte.
Des sanctions en cas de manquements ?
Les clusters dans d'autres sélections françaises renforcent les soupçons sur des manquements. L'automne dernier, le XV de France féminin n'avait pu jouer son dernier match du Tournoi face à l'Irlande en raison de cas positifs. En janvier, les U20, l’équipe des moins de 20 ans avait été touchée lors d'un stage au Portugal.
Du côté du ministère, on exige des sanctions : "C'est la FFR qui a un pouvoir disciplinaire. J'attends d'elle qu'elle l'exerce”, a expliqué Roxana Maracineanu dimanche. "Il faut qu'on montre, quand cela se passe mal, que les gens assument, qu'ils fassent leur mea culpa, et puis derrière qu'on reparte sur des bonnes bases, car la compétition n’est pas encore terminée", a-t-elle ajouté.
Quelle date pour France-Ecosse ?
Pour le manager des Bleus, Raphaël Ibanez, le report de ce match "fin mars, ce serait l'idéal", c'est-à-dire une semaine après la fin officielle du Tournoi, le 26, 27 ou 28 mars. Problème : le Top 14, le championnat français, est en cours, ce qui induit de nouvelles négociations avec les clubs, qui ne seraient pas enchantés par cette perspective. Les discussions entre les parties avant les matchs de la tournée automnale avaient été tendues et Fabien Galthié avait dû chambouler son effectif à mi-parcours, les joueurs internationaux ne pouvant alors dépasser trois feuilles de match maximum, sur les six rencontres prévues.
D'autres pistes sont à l’étude, comme celle de jouer France-Écosse le mardi 9 mars. Il reviendra au comité des Six nations de trancher. Pour le moment, le XV attend les résultats de l’enquête menée en collaboration avec la commission médicale de la fédération. Avec en tête la menace, explicite, de la ministre des Sports : celle d’un retrait de l’autorisation de jouer, si la Fédération ne prend pas ses responsabilités.