Faire du sport malgré la maladie
Courir, faire du vélo, jouer au foot ou encore danser... Pour beaucoup de personnes malades, ces sports sont réservés aux bien-portants. Pourtant une activité sportive peut s'avérer bénéfique pour la santé. À quoi faut-il faire attention quand on pratique une activité sportive et que l'on est malade ? Y a-t-il des sports à privilégier en fonction de sa maladie ? Peut-on faire du sport sans encadrement médical ?
Le sport pour mettre KO le cancer
Depuis le début des années 2000, la Fédération nationale CAMI Sport et Cancer organise des cours de sport spécifiques pour les malades atteints d'un cancer ou en rémission. Objectif : faire oublier aux élèves leur maladie le temps d'un cours de sport, tout en réduisant les effets secondaires et la toxicité des traitements.
De nombreuses études scientifiques ont étudié l'impact du sport sur la santé et la vie des malades. Les bénéfices sont avérés à tous les niveaux, comme le confirme le Dr Thierry Bouillet, cancérologue à l'hôpital Avicenne et président de la fédération Cami sport et cancer : "Grâce au sport, vous diminuez tous les phénomènes de fatigue. La fatigue est le premier symptôme des patients et l'activité physique est le seul traitement scientifiquement validé de la fatigue. Ensuite grâce au sport, vous évitez les prises de poids qui sont très fréquentes après une chimiothérapie, vous améliorez les capacités cardio-respiratoires et la qualité de vie. Le patient se sent en effet plus heureux et se sent mieux. On améliore également les insertions sociales, le patient a plus d'interactions dans la société. On améliore la qualité de sommeil, la plupart des patients après une chimio et une radiothérapie dorment mal mais ils redorment mieux grâce au sport. Et surtout on augmente de façon considérable les chances de guérison".
Faire du sport présente donc beaucoup d'avantages pour les malades souffrant d'un cancer. Pour préserver ce bien-être physique et moral, il faut pratiquer en moyenne trois séances de sport par semaine. Ces cours existent dans de nombreux départements.
Faire du sport après un accident cardiaque
En France, plus d'une personne sur trois ne pratique pas de sport et augmente son risque de souffrir d'une maladie cardiovasculaire. Si le sport est recommandé en prévention, il l'est aussi pour les personnes qui ont eu un accident cardiaque car il permet de prévenir un nouvel incident cardiovasculaire.
Pour se remettre en forme, les patients victimes d'un accident cardiaque doivent commencer une réadaptation cardiaque basée sur des séances de sport.
Les clubs cœur et santé sont spécialisés dans les activités sportives pour les personnes cardiaques. Vélo, rameur, musculation, course à pied... ces exercices encadrés ont pour but d'améliorer les capacités cardiaques et respiratoires des patients, tout en faisant travailler les muscles.
L'autre objectif, c'est que ces sportifs amateurs deviennent de plus en plus autonomes par rapport à leur pathologie cardiaque. "Nous éduquons les malades à la surveillance pendant l'activité physique. Il y a quatre éléments : un malaise, des douleurs dans la poitrine, un essoufflement anormal et des palpitations. On sensibilise les patients à ces quatre éléments par rapport à l'activité ensuite en autonomie", explique Aurélien Lasserre, préparateur physique de l'Institut coeur effort santé (75).
Grâce au sport, les patients se réapproprient leur corps et leur cœur. Il existe 200 clubs cœur et santé en France.
Maladies chroniques : les bienfaits de l'aquagym
Hippocrate, père de la médecine, évoquait déjà les effets bénéfiques de l'activité physique pour notre santé. Aujourd'hui, la loi santé de la ministre de la Santé Marisol Touraine préconise la prescription de sport adapté aux pathologies. Le sport est donc plus que jamais notre allié.
Des études scientifiques confirment que le risque de décès prématuré est moindre chez les personnes qui pratiquent une activité physique régulière. C'est aussi un outil de prévention performant pour réduire les risques d'obésité, de maladie chronique ou de cancer. Dans notre société vieillissante et très sédentaire, il est essentiel de continuer à pratiquer un sport adapté à notre condition.
À Chartres, un dispositif d'éducation physique adaptée pour des patients atteints de maladies chroniques a été mis en place en 2014. Un cours hebdomadaire en piscine est proposé gratuitement grâce à un partenariat entre l'hôpital public et le département. Les cours d'éducation physique adaptés s'adressent aux malades atteints de pathologies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, l'obésité et le cancer. L'occasion de reprendre progressivement une activité sportive.
Le coach adapte ses exercices à chaque malade car il a suivi une formation pour mieux comprendre les pathologies chroniques et les effets bénéfiques du bain : "Dans l'eau, les patients subissent moins le poids de leur corps. Les exercices qui sont rendus difficiles dans la vie de tous les jours, sont rendus faciles dans l'eau. Et la pression qu'exerce l'eau sur le corps notamment les jambes aide au retour veineux. Comme on aide le coeur à se remplir, il va mieux se contracter et donc apporter plus d'oxygène aux muscles", explique Franck Senelier, maître nageur sauveteur. Enfin, dans l'eau, les participants poursuivent plus longtemps les exercices.
Et pour que l'effort physique soit efficace, il faut que les cours durent au moins une heure toutes les semaines durant trois mois. "Le sport a vraiment un impact sur certaines pathologies. Les diabétiques qui ont une activité physique diminuent de façon très importante leurs doses d'insuline. Les obèses perdent du poids si on y associe un peu de régime. Les insuffisants cardiaques lorsqu'ils ont fait un infarctus suivent une réadaptation à l'effort et ils retrouvent ainsi une activité qu'ils avaient préalablement. Tous ces bienfaits sont prouvés", confie le Dr Arnaud Monier, diabétologue.
Ce dispositif unique en France rencontre un franc succès. Les participants doivent s'armer de patience et s'inscrire au moins trois mois à l'avance sur une liste d'attente pour en bénéficier.
Sport et chimio ne sont pas incompatibles
Depuis le milieu des années 2000, de nombreuses études scientifiques ont démontré qu'une activité physique, suffisamment intense, régulière et encadrée, a un impact bénéfique pour les personnes atteintes de cancer. Aussi bien pendant la phase de la maladie qu'après les traitements. Plus d'une cinquantaine de centres de soins du cancer ont mis en place des activités physiques pour les malades dès le début des traitements.
L'objectif des exercices physiques est de lutter contre la fonte musculaire due à l'immobilité et aux traitements comme l'explique le Dr Emmanuel Raffoux, hématologue : "Quand la masse musculaire fond, on voit beaucoup plus d'effets secondaires arriver. Les médicaments peuvent être plus toxiques pour l'organisme. Garder une masse musculaire fait partie des choses qui gardent la potentialité du traitement sans toxicité".
Pour en savoir plus sur les activités sportives proposées aux patients atteints de cancer ou en rémission, vous pouvez consulter toutes les coordonnées de l'association la CAMI (sport et cancer).
Des cours de natation pour les patients atteints de cancer
La chirurgie ou la chimiothérapie... Des traitements lourds auxquels sont confrontés les patients atteints de cancer. Entre la fatigue, les effets secondaires et l'impact sur le moral, pas facile de se mettre au sport ! Pourtant, des études ont montré que la pratique d'une activité physique suffisamment intense et régulière apporte de nombreux bénéfices : renforcement des muscles, meilleure estime de soi, lutte contre la fatigue et la dépression. Le sport pourrait même dans certains cas diminuer les risques de rechute.
Il faut toutefois rester prudent, car la pratique d'un sport lorsqu'on souffre d'un cancer nécessite un encadrement spécifique que l'on ne trouve pas dans n'importe quelle salle de sport. Certaines associations, comme l'association CAMI, organisent de nombreux ateliers et séances de sport pour les personnes souffrant de cancer.
L'association CAMI propose ainsi chaque semaine, à des patients d'enfiler leur maillot de bain pour une séance de natation adaptée à leur pathologie. En amortissant les mouvements, l'eau permet aux nageurs de travailler l'amplitude de leurs gestes. Cela est idéal pour ces patients qui doivent privilégier des exercices de gainage et d'assouplissement plutôt que des sports brusques.