Bronchiolite : les places manquent dans les hôpitaux sous tension
Plus de 4 300 petits patients sont passés aux urgences pour bronchiolite en une semaine. À l'unité pédiatrique du CHRU de Nancy, entre 15 et 20 enfants sont hospitalisés chaque jour. Comment cet hôpital parvient-il à tenir ?
La pédiatrie est d’habitude un monde à part. Peluches,
jeux, clowns... pour essayer au maximum de distraire les enfants.
Mais
l’arrivée brutale de la bronchiolite ne le permet plus.
L’état
d’Anas, un an, est trop grave pour rentrer à la maison. La pédiatre doit faire des
choix, tous les enfants ne peuvent pas rester à l’hôpital car les places
manquent.
Chaque lit libéré est réoccupé dans la foulée
"On a l'impression de jouer au Tetris avec les enfants, c'est-à-dire que les critères d'hospitalisation qu'on avait avant sont de plus en plus réduits. On fait rentrer à la maison des enfants qui sont un peu limite... En tant que médecin, ce sont des conditions qu'on n’a vraiment pas envie d'offrir à nos patients", explique la Dr Noémie Berlengi, pédiatre au CHRU Nancy.
Il faut maintenant trouver un lit à Anas. À cet étage, l’une des solutions est d'abandonner les chambres individuelles. Ici, trois bébés atteints de bronchiolite passent plusieurs jours les uns à côté des autres.
Les standards d'intimité pour les familles ne sont pas vraiment respectés. Les arrivées ont été massives et chaque lit libéré est réoccupé dans la foulée.
"Ce qui me fait peur, c'est qu’on n'a pas d’hôpital proche sur lequel on pourrait justement délester des enfants. On est le recours déjà de toute la région Lorraine. Pour envoyer des enfants ailleurs, ça n'existe pas, c'est plutôt l'inverse qui va se passer", commente le Pr Cyril Schweitzer, chef du pôle pédiatrique du CHRU de Nancy.
"On revient toujours au même problème du manque de personnel"
Il
y a deux jours, six lits
supplémentaires ont été mis en place en
urgence en réanimation pédiatrique. Alma, deux
mois, y
est
surveillée attentivement.
Ces
lits supplémentaires nécessitent aussi des bras en plus. Quelques
infirmières volontaires font des heures
supplémentaires. "Nous
n’avons pas le choix, il y a plus de patients, il faut pallier
cette épidémie. C'est
fatigant, stressant d’enchaîner les gardes. On revient toujours au même
problème du manque de personnel", confie Anne-Charlotte Escal, infirmière puéricultrice au CHRU de Nancy.
Si
l’afflux ne se calme pas, la prochaine étape
est la déprogrammation de certaines chirurgies. Une terrible
perte
de chance pour cette jeune génération.