Épidémie de bronchiolite : un nouveau traitement à l'étude
Chaque hiver, la bronchiolite touche près de 30 % des nouveau-nés et bébés âgés de 1 mois à 2 ans. Un nouveau traitement, à l’étude en Europe, a été validé en septembre par l’Agence européenne du médicament. Reportage au CHU de Lille.
Redoutée par les jeunes parents, la bronchiolite du nourrisson touche un tiers des bébés chaque hiver. Mais un nouveau traitement préventif pourrait bien en venir à bout.
Comme 30 000 bébés en Europe, Axelle, 7 mois, est venue participer à une étude d'ampleur inédite pour confirmer l’efficacité de ce nouveau traitement.
30 000 passages aux urgences par an
La bronchiolite, parfois grave, peut mener jusqu’à l’hospitalisation, même pour des nourrissons en bonne santé. Sans compter les répercussions sur le système de soins. En cause dans cette maladie : le VRS, pour virus respiratoire syncytial, un virus extrêmement fréquent.
"On considère que presque la totalité des enfants de moins de deux ans vont rencontrer à un moment donné ce virus, mais tous ne vont pas développer une bronchiolite et tous ne vont pas être hospitalisés. Il y a néanmoins 30 000 passages aux urgences chaque année en France pour cette pathologie et 10 000 hospitalisations. Cela désorganise beaucoup les services de soins, chaque automne et hiver", explique la Dr Florence Flamein, pédiatre et coordinatrice de l'étude.
Après un examen clinique, la petite Axelle est inscrite dans un logiciel de tirage au sort, pour savoir si elle fera partie du groupe qui recevra le traitement, le nirsevimab, ou du groupe de comparaison, qui ne recevra rien. Le traitement réservé aux patients sélectionnés est conservé avec précaution.
"Voici les traitements, on les stocke dans un local sécurisé avec des frigos sous alarme, dont on surveille la température de manière constante", précise le Dr Sayah Meguig, pharmacien au centre d’investigation Clinique du CHU.
Un anticorps pour protéger tous les nourrissons
Les seringues contenant le nirsevimab sont dans des boîtes sous scellés. Ce sont des anticorps antiviraux et monoclonaux, fabriqués en laboratoire à partir de cellules humaines. Ils sont injectés par voie intramusculaire. Ces anticorps passent dans la circulation sanguine pour aller se loger dans les voies inférieures du poumon.
Quand le virus pénètre l'organisme, les anticorps se fixent à lui pour l’empêcher de fusionner avec les cellules bronchiques, et ainsi bloquer l’infection. Les anticorps protègent le bébé pendant toute la saison de bronchiolite.
Pour Axelle, le tirage au sort a rendu son verdict. Elle ne recevra pas d’injection, mais son état de santé sera suivi pendant toute la saison de bronchiolite, et comparé à celui des bébés qui recevront le traitement. La commercialisation de ce traitement pourrait avoir lieu au début de l’année 2024.