Cancer du poumon : comment détruire une tumeur grâce à la chaleur
Une technique innovante désormais expérimentée en France permet de détruire une tumeur grâce à la thermo-ablation. Ce procédé permet d’éviter les complications d’une opération traditionnelle. Reportage.
C'est la troisième opération de ce type sur le sol français. Au milieu des machines ultra-modernes, un patient de 64 ans s’apprête à être opéré. Il est atteint d’une petite tumeur cancéreuse, un nodule de 9 mm situé dans ses poumons.
L’équipe de chirurgiens ne va pas la retirer, aucune incision ne sera effectuée. Ici, c'est la thermo-ablation par micro-ondes, une technique récente, qui va éradiquer la tumeur.
"Brûler la tumeur par l'intérieur"
"On a décidé d’aller brûler la tumeur par l’intérieur et on a choisi la voie qu’on appelle endobronchique, donc en passant par les voies naturelles du patient, ce qui permet de diminuer le taux de complication", explique la Docteure Agathe Seguin-Givelet, cheffe du service chirurgie thoracique à l'Institut Mutualiste Montsouris, à Paris.
La veille, un scanner des poumons du patient a permis de repérer le chemin pour accéder à cette petite tumeur, comme le ferait un GPS. Un guide indispensable pour introduire le cathéter.
"On vise la cible et on est exactement le nez dedans. On va aller vérifier avec un scanner que ce qu’on a programmé à l’air correct", commenta la Dre Agathe Seguin-Givelet.
Trois minutes cruciales
Grâce à une rotation à 360 degrés, cette imagerie moderne permet de s’assurer de la bonne position du cathéter. Atteindre la tumeur au plus proche est l’étape la plus longue. L’échelle est microscopique, il faut réajuster la sonde plusieurs fois. La Dre Seguin-Givelet n’est pas encore satisfaite.
La sonde d’ablation est enfin positionnée. La dernière étape consiste à délimiter la zone de brûlure en prenant en compte une petite marge de sécurité, autour du nodule. La thermo-ablation peut commencer.
"Les trois premières minutes sont cruciales, ce sont elles qui vont entraîner la plus grande zone de brûlure et puis les minutes d’après, c’est juste une petite extension sur les marges de sécurité", précise la Dre Seguin-Givelet.
10 000 euros par opération
Durant l’intervention, la respiration du patient est maîtrisée pour éviter le moindre mouvement brusque.
Après 10 minutes, la tumeur est éradiquée.
"On ne voit plus le nodule, il est entièrement circonscrit par une zone qui a été brûlée. Donc on est satisfait, il y aura encore un scanner demain matin, et c’est à partir de ce scanner, que le patient va ensuite être suivi", conclut la Dre Seguin-Givelet.
Dès le lendemain, le patient pourra rentrer à son domicile, il ne sentira rien. Une opération expérimentale prometteuse, coûteuse aussi pour l’établissement, environ 10 000 euros par opération.