Cancer du rectum : tout savoir sur la chirurgie de préservation
Pour traiter le cancer du rectum à un stade peu avancé, une nouvelle chirurgie permet de conserver le rectum. Reportage en images à l'hôpital Européen Georges Pompidou à Paris.
À l'hôpital Européen Georges Pompidou à Paris, un récent protocole de prise en charge du cancer colorectal permet à certains patients de bénéficier d'une chirurgie de préservation du rectum. Aujourd'hui, le Professeur Gilles Manceau, doit opérer une patiente atteinte d'un cancer du rectum, diagnostiqué il y a six mois.
Une microchirurgie via l'anus
Après quelques semaines de chimio et radio-thérapie, la tumeur de 4 cm semble résorbée, mais a laissé une cicatrice." À l'intérieur du rectum, cette cicatrice présente des petits saignements. Cela nous fait justement dire qu'il y a peut-être encore quelque chose qui reste et qu'il va falloir enlever avec la chirurgie", explique le Pr Gilles Manceau, chirurgien digestif à l'hôpital Européen Georges Pompidou.
Pour cette intervention, il utilise une technique peu invasive. Il introduit par l'anus de la patiente un endoscope, un tube muni d'une caméra, d'une lampe et de petits instruments. "On voit le sphincter, on est juste au-dessus de l'anus. Le reste du rectum est normal, il est blanchâtre et rose donc il n'y a pas d'anomalie de la muqueuse", commente le Pr Gilles Manceau.
Retirer la zone suspecte...
Rassuré par l'aspect normal du reste du rectum, le chirurgien délimite ensuite la partie des tissus qu'il souhaite retirer.
À l'aide d'une pince de 5 millimètres qui dissèque et coagule les tissus, le chirurgien retire progressivement la zone suspecte en prenant de la marge pour ne pas laisser de cellules malades en périphérie qui risqueraient de migrer.
"On est assez en profondeur et on voit jusqu'à la graisse, donc on enlève toute la paroi du rectum. Le but, c'est qu'il y ait une certaine paroi du rectum que l'anatomo-pathologiste puisse examiner. On a bientôt fini la dissection", précise le Pr Gilles Manceau.
... Et l'analyser
Le chirurgien ne referme pas la paroi du rectum qui cicatrisera toute seule. Il envoie immédiatement la lésion au laboratoire d'anatomo-pathologie. Il s'agit d'informer au plus vite la patiente des résultats et de permettre au chirurgien de décider rapidement des suites du protocole.
"Soit c'est un résultat satisfaisant et on va vers cette stratégie de préservation d'organe, avec une surveillance très rapprochée tous les 3 mois pendant 2 ans, et puis après un peu plus espacés. Soit on est dans un critère plus défavorable, il faut de la chirurgie avec ablation du rectum et la graisse du rectum pour pouvoir avoir l'étude des ganglions et pour voir s'il reste de la tumeur", conclut le Pr Gilles Manceau.
Dès ce soir, la patiente pourra s'alimenter et retrouver un transit normal. Elle sera mise sous antibiothérapie et surveillée dans le service pendant quelques jours en attendant le résultat des analyses.