Cette drogue 500 fois plus puissante que la morphine responsable d'une vague d'overdoses
L’ONU alerte sur l’émergence d’une nouvelle drogue de synthèse responsable d’une "augmentation des morts par overdose" à travers le monde : les nitazènes.
Se dirige-t-on vers une crise des opioïdes mondialisée ? Dans un rapport publié à l'occasion de la journée mondiale de la drogue, ce mercredi 26 juin, l’Organisation des Nations unies (ONU) s’inquiète de l’émergence d’un nouveau groupe de drogues de synthèse potentiellement plus puissantes que le dévastateur fentanyl : les nitazènes. Comme l'héroïne, la morphine ou le tramadol, les nitazènes sont des opioïdes de synthèse.
Les nitazènes sont toutefois 500 fois plus puissants que la morphine. Ils "sont apparus récemment dans les pays à hauts revenus, provoquant une augmentation des morts par overdose", écrit l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC).
Des substances "particulièrement préoccupantes"
L'experte Angela Me a noté lors d'un point de presse "l'expansion de ces opiacés très puissants". Provenant principalement de Chine, les nitazènes sont ensuite apparus sur le marché des substances récréatives en 2019, d’abord en Amérique du Nord. Au printemps 2023, ils sont arrivés en France : certains cas d’intoxications graves liées à ces produits ont été recensés en Occitanie et à La Réunion puis se sont généralisés à l'ensemble du pays.
"C'est la plus grande menace actuellement", a commenté Angela Me, évoquant un probable lien avec "la situation en Afghanistan". Premier producteur mondial jusqu'au bannissement de la culture du pavot par le chef suprême des talibans en avril 2022, le pays a vu chuter sa production d'opium l'an dernier, ce qui a conduit à une baisse de 74 % dans le monde.
Or l'ONUDC craint que "les consommateurs d'héroïne se tournent vers des opioïdes de synthèse posant de graves risques pour la santé", tels que le fentanyl, les traitements de substitution aux opiacés (méthadone, subutex) et désormais les nitazènes.
Dans son rapport annuel publié plus tôt en juin, l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) s'était également inquiété de ce phénomène. Pour l'ONUDC basée à Vienne, en Autriche, ces substances moins chères et plus faciles à produire que l'héroïne, s'avèrent "particulièrement préoccupantes".
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292 millions de consommateurs de drogues en 2022
L'OEDT alerte également sur "l'essor continu" de la cocaïne, dont l'offre a atteint des niveaux "record" en 2022, avec plus de 2 700 tonnes, soit 20 % de plus qu'un an auparavant. Elle est de plus en plus prisée en Europe et aux Etats-Unis, mais aussi dans des "marchés émergents" comme l'Afrique ou l'Asie.
Au niveau mondial, près de 292 millions de personnes ont consommé des drogues en 2022, un chiffre en hausse de 20 % en une décennie, le cannabis restant de loin la drogue la plus largement utilisée selon l'ONU, qui cite le possible impact "nocif" de la légalisation du cannabis sur le continent américain. Parmi elles, 64 millions souffrent de troubles liés à la consommation de drogues, mais seulement une personne sur 11 est prise en charge médicalement.
Dans un communiqué publié en décembre 2023, l’Association française des centres d’addictovigilance prévenait que "la puissance pharmacologique des nitazènes rend peu prévisible l’intensité des effets ressentis, même si les usagers rapportent de faibles quantités consommées". En cas de consommation de nitazènes, l’association recommande d’appeler immédiatement les secours, pour une prise en charge hospitalière le plus rapidement possible.