Comment mieux prendre en charge la dénutrition à l'hôpital ?
Au CHU de Rennes, la dénutrition est désormais dépistée chez les patients hospitalisés. Ils sont ensuite suivis plusieurs mois à domicile grâce au parcours Nutriker. Reportage.
Tous les patients hospitalisés en médecine interne et en gériatrie au CHU de Rennes sont dépistés pour savoir s’ils sont dénutris, grâce au programme Nutriker. Parmi eux, Pierre, 71 ans, hospitalisé depuis plusieurs jours pour des plaques d’eczéma inexpliquées. En un peu plus de deux mois, il a perdu près de 10 kg.
Pierre a surtout perdu du muscle et c’est au niveau de la circonférence de son mollet que cela se voit. Sa force est aussi mesurée avec un dynamomètre. Son bilan est ensuite analysé par un médecin et une infirmière de parcours.
Réduire le risque d'infections et de chute
Le cas de Pierre est classique. Selon les études, 30 à 50 % des patients âgés hospitalisés seraient dénutris, avec des répercussions parfois dramatiques.
"Quand on prend deux patients hospitalisés complètement identiques, un qui n'est pas dénutri et un qui l'est, celui qui est dénutri aura un risque de décès quatre fois plus important que le patient qui ne l’est pas", explique le Dr Lilian Alix, médecin coordinateur du parcours Nutriker au CHU de Rennes.
Heureusement, Pierre a été dépisté. Dès sa sortie d’hôpital, il va être suivi à domicile pendant quatre à six mois pour sortir de la dénutrition.
"On espère leur permettre de guérir de leur dénutrition et donc de réduire toutes les complications qui s'y rapportent, c'est-à-dire moins de ré-hospitalisations, moins d'infections, moins de chutes, moins d'escarres...", commente le Dr Lilian Alix. Ce suivi est assuré par des infirmiers libéraux, une diététicienne et le médecin traitant.
660 patients pris en charge
Tout comme Pierre, Viviane a été dépistée d'une dénutrition à l’hôpital . Elle est rentrée chez elle depuis 15 jours. Aujourd’hui, c’est la deuxième visite de son infirmier libéral. Il reprend les mêmes mesures qu’à l’hôpital et les transmet à l’équipe hospitalière via une application.
"Le retour à domicile avec ce parcours de soins nous amène à avoir une prise en charge beaucoup plus affinée, avec une observation et une prévention du patient à la semaine ou au mois", confie Sébastien Delabroise, infirmier libéral.
Viviane reverra son infirmier dans un mois. En attendant, pour lutter contre la dénutrition, elle aura trois repas par jour et des compléments alimentaires hyperprotéinés. 660 patients devraient bénéficier de ce suivi pendant les trois prochaines années.