Comment protéger notre microbiote contre les additifs avec... une bactérie
Les émulsifiants, des additifs présents dans de nombreux aliments, perturbent notre microbiote et le fonctionnement de notre intestin. Mais une bactérie protectrice pourrait changer la donne, avance une nouvelle étude.
Ils sont présents dans les crèmes glacées, les gâteaux emballés, les sauces... les émulsifiants sont des additifs très utilisés par l’industrie agro-alimentaire pour améliorer la texture et prolonger la durée de conservation des aliments. Mais ils possèdent un impact négatif sur notre microbiote intestinal.
Trop d'additifs nuisent aux intestins
En temps normal, le tube digestif possède une barrière : dans l'intestin, c'est la paroi intestinale, qui sert de protection contre les bactéries et les substances inflammatoires. Mais quand le microbiote est perturbé, notamment par une alimentation déséquilibrée et riche en additifs, la paroi intestinale devient plus perméable. Les mauvaises bactéries et les substances inflammatoires passent alors plus facilement cette barrière et se retrouvent dans la circulation sanguine.
Mais il serait possible de protéger son microbiote et sa paroi intestinale grâce à une bactérie, appelée Akkermansia muciniphila. C’est ce qu’a découvert une équipe de scientifiques de l’Inserm. Selon ces chercheurs, qui publient leurs résultats dans la revue Gut, cette bactérie consommée sous forme de probiotiques permettrait de limiter l’impact de ces émulsifiants sur notre microbiote.
"On pourrait freiner la dégradation de la paroi"
Il ne s'agit pas d'une nouvelle bactérie, puisque Akkermansia muciniphila est connue depuis une vingtaine d'années. "On sait qu'elle joue un rôle dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI)", note le docteur William Berrebi, gastroentérologue à Paris et auteur du livre Médecine microbiotique : votre nouvelle ordonnance pour être en bonne santé. "Les patients qui souffrent de ces maladies ont une carence en cette bactérie qui représente habituellement 5% du microbiote", précise-t-il.
Cette bactérie sert à protéger la paroi de l'intestin car elle fabrique un mucus qui empêche le passage des bactéries pathogènes.
Les chercheurs de l'Inserm ont travaillé avec des souris et ont observé que lorsqu'ils ajoutaient cette bactérie à l'alimentation des rongeurs, la paroi de leur intestin était beaucoup moins dégradée. Si ces résultats sont confirmés chez l'humain, "on pourrait freiner la dégradation de la paroi qui empêche le passage de substances toxiques dans le sang et dans différents organes", se réjouit le docteur Berrebi.