Connaissez-vous la maison du périnée ?
À Strasbourg, un centre consacré au périnée a ouvert ses portes au début de l’année. Examens, rééducation pour les femmes, mais aussi pour les hommes, c’est un lieu où il est possible de parler du périnée sans tabou. Reportage.
Depuis le mois d’août, une maison d’un nouveau genre à ouvert ses portes à Strasbourg : une maison du périnée. Du diagnostic à la rééducation, en passant par des cours de pilates, sept spécialistes du périnée sont réunis.
Un bilan urodynamique
Evelyne est venue consulter car depuis quelques mois, des fuites urinaires importantes handicapent sa vie quotidienne.
"Ça peut arriver à n’importe quel moment de la journée et je ne le contrôle pas toujours. Le temps que je sente le besoin d’y aller, j’ai déjà la moitié de ma vessie dans ma protection. Ca m’embête beaucoup, je ne sors plus beaucoup car il faudrait que j’ai des toilettes à toutes les stations de tram ou de bus et ce n’est pas possible, ce n'est pas gérable", explique Evelyne Rouland.
Pour comprendre l’origine de ses fuites, Evelyne doit passer un bilan urodynamique. Une série d’examens et de tests.
"Je reproduis exactement le même mouvement qu’un périnée en bonne santé devrait faire. Allez-y toussez, et voilà il n’y a pas de fuite, quand j’ai mimé l’effet d’un périnée qui est en forme, elle n’a plus eu de fuite à la toux, c’est un argument pour se dire que son périnée actuellement n’est pas suffisant pour garantir sa continence", explique le Dre Chloé Blum, médecin physique et de réadaptation.
Un diagnostic complet
La mise en place de sondes au niveau du rectum et de la vessie préalablement remplie de sérum physiologique permet de mettre en évidence une autre anomalie.
"Normalement votre vessie doit rester toute plate, là, vous toussez donc c’est normal mais là, on voit une contraction de votre vessie alors que vous ne l’avez pas décidé, votre vessie est hyperactive. Elle a donc deux problèmes, le problème de soutènement du périnée et la vessie qui est hyperactive", confirme le Dre Chloé Blum.
Grâce à ce diagnostic complet, Evelyne pourra bénéficier d’une prise en charge adaptée. Des médicaments pour calmer sa vessie et la mise en place probable d’une bandelette.
"L’idée de cette maison du périnée, c'était avant tout de créer un lieu unique de prise en charge des trois tabous liés au périnée, les troubles urinaires, fécaux et sexuels et s’adressant à toute la population, c’est-à-dire les femmes mais aussi les hommes car ils ont un périnée et également les enfants ", confie le Dre Chloé Blum.
Les hommes aussi
Un tiers des patients qui viennent ici sont en effet des hommes. Daniel, a été opéré en juillet dernier d’un cancer de la prostate. Depuis, il souffre d’une incontinence urinaire. C’est sa quinzième séance de kinésithérapie.
"Je vais commencer par mettre un pouce sur le noyau du périnée. Vous allez contracter fort et relâcher. Le but est de voir s’il maitrise les muscles profonds et les muscles superficiels du périnée. Ça manque un peu de force mais il sait bien différencier les différents muscles", explique Nastasia Kriba, masseur-kinésithérapeute.
"Le périnée, j’en avais entendu parler mais je ne m’en préoccupais pas plus que ça avant l’opération. Ici, j’ai pris conscience qu’il y a différentes façons de le contracter. Au début, c’est difficile car on n'y pense pas forcément et quand on le fait c’est trop tard", confie Daniel Klein.
Grâce à deux séances par semaine et des exercices à la maison, Daniel a déjà pu récupérer 90% de sa continence urinaire. D’autres maisons du périnée pourraient bientôt ouvrir leurs portes notamment à Paris et à Marseille.