Danser malgré le handicap : "Pouvoir être tous artistes, c'est ça qui est formidable"
Les danseurs de la compagnie "La possible échappée", composée de professionnels valides et d’amateurs porteurs de handicap, se préparent à la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques de Paris 2024. Immersion dans une de leurs répétitions.
Dans cette salle de répétition, des danseurs porteurs de handicap ou valides font tous partie de la même compagnie. Le travail se fait par deux et chaque geste réussi est une victoire partagée.
Certains sont trisomiques, d’autres atteints de troubles cognitifs ou de déficience mentale. Pour les aider à surmonter leur difficulté de coordination et les raideurs de leurs muscles, des danseurs professionnels les accompagnent.
Construire ensemble les créations
"Il y a quand même des éléments techniques de la danse qu’ils ne maîtrisent pas forcément bien, des histoires d'appui au sol, donc nous les accompagnons pour trouver le geste juste. Après, dans les créations, l'idée est que ça vienne vraiment d'eux et qu'on construise ensemble. C'est ça qui est formidable en fait, pouvoir être tous artistes", explique Elsa Bousquet, danseuse professionnelle.
Simon fait partie de cette compagnie depuis une dizaine d’années. Sur scène, il est un artiste à part entière. "Je suis un danseur et la danse, c'est une partie de ma vie, je me sens bien dans mon corps et je suis heureux", témoigne-t-il.
La compagnie est en train de mettre au point son nouveau spectacle. À partir d’improvisation, chacun apporte ses idées, ses envies pour concevoir une chorégraphie commune.
Transcender le handicap grâce à la danse
À l’origine de cette compagnie, il y a Kathy Mépuis qui se bat pour l’inclusion depuis 30 ans. Son but n’est pas de faire disparaître le handicap, mais au contraire, de le transcender grâce à la danse."Je vois tous les jours des personnes qui n'auraient peut-être pas osé faire quelque chose qui osent parce qu'une personne professionnelle va les emmener vers... J'ai vu cette élévation des corps, j'ai vu de l'amplitude des mouvements qui se sont mis en place donc ça, c'est formidable, des regards aussi parce que dans la danse, on a besoin de regards, c'est un peu magique", confie-t-elle.
La compagnie monte régulièrement sur scène pour présenter ses créations. Son prochain défi est de participer à la cérémonie d’ouverture des Jeux Paralympiques en 2024.
Un travail artistique ni vu ni reconnu
"Le travail artistique avec les personnes en situation de handicap n'est pas vu, n'est pas vraiment reconnu encore en France donc si on arrive, grâce à l'ouverture des Jeux Paralympiques, de montrer à un nombre important de personnes ce travail, ça sera formidable", insiste Kathy.
"C'est une fierté, de dire aux gens, taisez-vous et ouvrez les yeux maintenant. On a des bras, des mains, des jambes, on peut danser comme tout le monde. Après, il y a des choses qu'on ne peut pas faire, mais tout s'apprend dans la vie. Mais, croyez-moi, c'est du travail", conclut Laury Dialok, danseur amateur.
C'est une visibilité inespérée pour ces danseurs, car plus de 300 millions de téléspectateurs sont attendus pour cette cérémonie.