Une jeune mère se retrouve dans un état végétatif à cause de la péridurale
L'hôpital Simone-Veil, à Eaubonne (Val-d'Oise) est visé par une plainte suite à la pose d'une péridurale ayant entraîné un handicap à vie.
L'accouchement aura des séquelles sur le restant de sa vie. Les faits, dramatiques, se sont produits le 19 août 2019 à hôpital Simone-Veil, à Eaubonne dans le Val-d'Oise. Ce jour-là, Lucie B s'est présentée à la maternité pour son troisième accouchement, selon le magazine Elle qui révèle l'affaire.
Si les deux premiers se sont très bien passés, l'accouchement de sa dernière fille a tourné au cauchemar, en raison de la péridurale.
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Plusieurs symptômes de malaise
La jeune maman a d'abord décidé d'accoucher sans péridurale. Mais face aux douleurs de plus en plus intenses, du long travail et de son corps qui fatiguait, elle change d'avis.
"À 2h55, le praticien injecte une première dose de produit anesthésique, une dose test censée vérifier la bonne mise en place du cathéter", rapporte le magazine. "Très vite, la sage-femme également présente dans la salle de travail remarque que quelque chose ne tourne pas rond : Lucie semble faire un malaise. Elle a des difficultés à respirer, à bouger ses bras et ses jambes".
Un arrêt cardiaque de quatorze minutes
Mais le praticien, un médecin stagiaire, passe tout de même à la deuxième étape de l'anesthésie, en injectant une seconde dose. Puis "dans le cadre d'une troisième étape où la patiente peut réagir elle-même en fonction des douleurs ressenties, la jeune mère s'administre une nouvelle dose".
C'est à ce moment que Lucie fait un arrêt cardiaque, selon Elle. Une césarienne est alors pratiquée en urgence, ainsi qu'un massage cardiaque qui permet de faire repartir le coeur de la jeune maman. Mais l'"arrêt cardiaque de quatorze minutes a provoqué des lésions cérébrales irréversibles".
Qu'est-ce que la rachianesthésie totale ?
La raison de l'arrêt cardiaque est une complication rarissime : la rachianesthésie totale. "Lors d'une péridurale, l'aiguille utilisée pour injecter le produit s'arrête juste avant la dure-mère, sorte d'enveloppe qui protège la moelle épinière. Mais si l'aiguille la traverse, alors les produits anesthésiants se déversent directement dans le liquide céphalo-rachidien."
"La différence se joue sur quelques millimètres explique le Dr Mathias Rossignol, médecin anesthésiste à l'hôpital Lariboisière", cite Elle. "Si malheureusement, cela arrive, vous n'endormez pas seulement le bas du corps, vous endormez tout, y compris les commandes neurologiques du coeur, de la respiration, et de la conscience". L'arrêt cardiaque est alors une complication possible, mais extrêmement rare : cela arrive 1 fois sur 10 000.
La patiente handicapée à 98 %
Depuis, Lucie se trouve dans un état neurovégétatif. Elle est handicapée à 98 % et ne peut ni parler ni s'alimenter seule. En février 2020, son mari a saisi la Commission de conciliation et d'indemnisation des accidents médicaux d'Île-de-France. Malgré un rapport d'expertise accablant, l'hôpital a refusé de présenter une offre d'indemnisation.
"Ils n'ont pas versé un centime, ni présenté d'excuses, ils ne se sentent responsables de rien !", déplore Maître Yacine Djellal, l'avocat de la famille de la victime. Selon les informations du magazine Elle, la famille a déposé plainte le 12 juin dernier pour violences volontaires ayant entraîné une incapacité permanente totale. Contacté par le média, l'hôpital Simone-Veil refuse pour l'heure de s'exprimer sur la procédure judiciaire en cours.