Un footballeur crée la polémique en félicitant sa femme d'avoir accouché sans antidouleurs
Harry Kane, un célèbre footballeur anglais, a récemment créé la polémique en se réjouissant de l’accouchement sous hypnose de sa femme. Pour certains, ses propos accablent les mères qui choisissent la péridurale.
"Tellement fier de @KateGoodlandx pour avoir merveilleusement accouché dans l’eau, sans aucun traitement antidouleur", a tweeté le footballeur anglais Harry Kane le 8 août dernier, en partageant une photo de sa femme et de son nouveau-né. Des propos qui passent mal : pour certains internautes, en vantant les mérites de l’accouchement "naturel", le sportif critique implicitement les mères qui optent pour la péridurale et remet en cause l’intensité des douleurs liées à l’accouchement. Pire, il instaurerait une notion de compétition, et de fierté.
"L'arrivée de notre merveilleux nouvel enfant ! Vivienne Jane Kane. Je suis tellement fier de @KateGoodlandx pour avoir accouché dans l’eau, sans aucun traitement antidouleur."
"Je suis très heureuse pour Harry Kane et sa famille, mais pourquoi devrait-on être ''fier'' de ne pas avoir besoin d'antidouleurs pendant l'accouchement ? C'est complètement absurde ! Si les femmes se font administrer des antidouleurs pendant l'accouchement, c'est parce qu'elles ont extrêmement mal."
"Les antidouleurs existent parce qu'on en a besoin, accoucher n'est ni une compétition, ni le moment de jouer les gros bras."
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"Ca me déprime qu'Harry Kane s'attarde sur le fait que sa femme n'ait pas eu besoin d'antidouleurs. C'est plein de sous-entendus. C'est quelque chose qu'on doit garder pour soi, et qu'on ne doit pas partager publiquement. Savoir que la mère et que le bébé sont en bonne santé, c'est bien plus important."
Très rapidement, Harry Kane a néanmoins essayé de corriger le tir, en affirmant que "chaque femme peut accoucher comme elle le souhaite", précisant que sa compagne avait accouché sous hypnose. A leur tour, de nombreux twittos ont manifesté leur soutien au joueur, et en ont profité pour féliciter sa femme. Certains se sont même réjouis que celle-ci n’ait pas eu besoin de traitements anti-douleur. Des réactions peu surprenantes au vu des données du National Health Service. En effet, selon le système de santé publique britannique, de moins en moins de femmes se voient administrer "des anesthésiques ou des analgésiques" pendant l'accouchement. En 2016-2017, elles étaient environ 60%, contre 68,6% dix ans plus tôt.
Un rejet croissant de la péridurale
Depuis quelques années par ailleurs, l’accouchement sous hypnose a le vent en poupe. Même en France, plusieurs maternités (Paris, Lille, Rouen, Strasbourg, ou Toulouse) proposent des séances de préparation à la naissance par hypnose. Le but : mieux gérer la peur de l’accouchement pour en atténuer les douleurs. Les formateurs apprennent notamment aux futures mères à atteindre la "transe hypnotique" en se focalisant sur une couleur ou un endroit rassurant. Si la "transe" est suffisamment profonde, les patientes peuvent être en mesure de dissocier leur esprit de leur corps.
Reportage diffusé le 11 février 2015
Le succès de ces nouvelles pratiques pourrait en partie venir d’un rejet croissant de la péridurale, parfois fondé sur des idées reçues, comme la paralysie des jambes. Une peur infondée, l'injection étant faite au niveau des racines nerveuses, donc à distance de la moelle épinière. De nombreuses personnes sont par ailleurs convaincues que la péridurale rallonge la durée de l’accouchement, même si cela n’est pas prouvé, comme le montre une étude parue dans Obstetrics & Gynecology en 2017.
Un nombre croissant de femmes et de couples nourrissent de fait un idéal d’accouchement non médicalisé, ce qui n’est pas sans conséquences, comme le rappelle le Dr Virginia Beckett dans les colonnes du Guardian. "Après plusieurs années à pratiquer l’obstétrique, j’ai remarqué que la dépression post-partum pouvait être causée par un sentiment d’échec chez des femmes qui n’avaient pas mené leur accouchement à terme sans péridurale – et ça peut être très dommageable" analyse l’obstétricienne, membre du Royal College of Obstetricians and Gynaecologists.