Diabète de type 2 et santé mentale : la double peine ?
On sait que le diabète peut avoir des répercussions psychologiques, ou générer des troubles psychiatriques, comme la dépression. Des chercheurs viennent de montrer que l'inverse existe aussi.
Combien de patients atteints de troubles psychiatriques souffrent également d'un diabète de type 2 ? C’est la question posée par des chercheurs danois dans une étude publiée en mars 2022, dans le journal Diabetologia. Pour y répondre, ils ont comparé les résultats de 32 articles de recherches basés sur plus de 240 études.
Schizophrénie, bipolarité, anxiété… mais aussi trouble du comportement alimentaire ou encore addictions... Au total, onze maladies psychiatriques ont été passées au crible par les scientifiques.
Un taux de diabète de type 2 plus important
Premier constat : en compilant les résultats des différentes études, les chercheurs ont retrouvé que 40% des personnes souffrant de troubles du sommeil avaient un diabète de type 2.
Le diabète de type 2 était aussi fréquent chez les patients atteints d'autres maladies mentales, comme la boulimie (21% de patients avait un diabète de type 2), les addictions à des substances (16 %), les troubles anxieux (14 %), les troubles bipolaires (11 %) ou encore la schizophrénie (11 %).
Pour toutes ces maladies psychiatriques, les taux de diabète de type 2 observés étaient plus élevés que dans la population générale (6 à 9 %).
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Un risque accru de complications
Troubles psychiatriques et diabète de type 2 ne font malheureusement pas bon ménage.
En effet, les personnes souffrant de maladies mentales avec un diabète de type 2 sont plus à risque de développer des complications liées à leur diabète.
Pourquoi ? Les causes peuvent être multiples. Il peut y avoir chez certains patients atteints de maladies psychiatriques des problèmes d'observance du traitement contre le diabète. Et un diabète déséquilibré sur le long terme peut générer des complications.
Des mécanismes mal compris
Le lien entre troubles psychiatriques et risque de diabète est encore mal compris. Mais plusieurs pistes de réflexion sont avancées.
La première porte sur les traitements liés à la maladie psychiatrique. Certains médicaments peuvent avoir des effets secondaires comme la prise de poids, qui est un facteur de risque de diabète de type 2.
Autre explication : la mauvaise hygiène de vie. En cas de dépression majeure, on fait moins d’exercice, ou on mange moins sainement, ce qui peut augmenter le risque de diabète.
Des études à approfondir
Que faut-il donc penser des conclusions de cette étude ? Il est en réalité difficile d’estimer la proportion véritable de diabète de type 2 chez les personnes atteintes de troubles mentaux.
En effet, le projet mené par les chercheurs danois est très ambitieux, mais réévaluer plus de 240 études qui n'ont pas utilisé la même méthodologie est un exercice compliqué.
Autre limite : tous les patients évalués dans ces études n'avaient pas un profil identique (âge, sévérité du trouble mental, autres maladies associées). Par exemple, certaines études se sont focalisées uniquement sur des personnes âgées, ou suivies à l'hôpital.
Pour toutes ces raisons, il faut prendre ces résultats avec précautions. On ne peut pas conclure que toutes les personnes atteintes de troubles mentaux vont développer un diabète de type 2.
Quoi qu'il en soit, ces données montrent toutefois l’importance de prévenir le risque de diabète chez les patients suivis pour maladie mentale. "Le diabète de type 2 est une comorbidité fréquente chez les personnes atteintes d'un trouble psychiatrique" insistent les auteurs. Des "recherches futures devraient déterminer si le dépistage systématique du diabète de type 2 (…) pour ces personnes est justifié", concluent-ils.
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