En chimiothérapie, des casques réfrigérants contre la chute de cheveux
L’un des effets indésirables de la chimiothérapie est la perte de cheveux. Certains hôpitaux sont équipés de casques réfrigérants nouvelle génération. Comment agissent-ils ? Reportage au CHU de Montpellier.
À 83 ans, Anne est atteinte d’un cancer des ovaires. Elle a rendez-vous pour sa seconde séance de chimiothérapie.
Son obsession : conserver toute sa féminité. Pour cela, elle teste un casque nouvelle génération. "Ce casque évite la perte des cheveux des patientes. Il est branché et il est toujours à la même température : -3°C", explique Nadège Serre, aide-soignante.
Protéger les bulbes des cheveux
Le cathéter une fois installé, les cheveux d’Anne sont mouillés, shampouinés et pour protéger la peau, elle reçoit un bandeau. Ayant déjà eu des pertes de cheveux dans le passé, Anne décide cette fois de ne plus subir.
"On me l’a proposé, je ne savais pas que ça existait. J’ai le corps qui commence avoir un petit peu froid, mais c’est supportable", commente-t-elle.
Comment fonctionne ce casque ? Le froid resserre les vaisseaux sanguins qui irriguent le cuir chevelu. C’est la vasoconstriction. Résultat : le médicament de chimiothérapie circule moins dans le sang à cet endroit, ce qui préserve les follicules pileux.
Porter le casque avant, pendant, après le traitement
Mais pour être efficace, une condition s’impose : il faut porter le casque avant, pendant et après le traitement.
"On le pose une demi-heure avant pour laisser le temps qu'il y ait une vasoconstriction et on laisse le casque selon le protocole de chimiothérapie entre 15 minutes, une demi-heure voir même trois quart d’heure. C’est ce qui est limitant pour les patientes, car il faut qu’elles viennent plus longtemps en hôpital de jour. Pour un traitement qui dure une demi-heure, il faudra qu’elles viennent presque une heure et demie", explique la Docteure Elodie Chartron, oncologue.
C'est une technologie tout de même plus pratique que les anciens casques, stockés au congélateur. "L’inconvénient de ces casques, c’est qu’ils ne restent pas en température froide pendant tout le temps de la chimiothérapie. On était donc obligés de les changer au milieu de la séance", précise Sylvie Galan, cadre de santé.
Mieux vivre son traitement
Mais le nouvel appareil est très coûteux. Le service d’oncologie n’en possède qu’un pour tous les patients. Solène a pu en bénéficier pendant 12 séances de chimiothérapie pour traiter son cancer du sein.
"J’ai fini ma chimio il y a un mois à peine donc j’ai quand même beaucoup de cheveux pour quelqu’un qui sort de chimio. J’ai eu des petites zones qui ont été plus clairsemées, du coup, je mettais un bandeau et ça suffisait à ne pas paraître malade du tout. Quelqu’un qui me croisait dans la rue, ne pouvait même pas deviner que j’étais en chimio", confie Solène, 34 ans.
Et cela fait du bien au moral. C'est ce que constate Jennifer De Calheiros, socio-esthéticienne qui accueille les patientes dans cet espace bien-être du service :"Je pense que quand on se regarde dans la glace, si on se trouve bien, on est forcément un peu mieux dans sa peau, et si on est mieux dans sa peau, on vivra un peu mieux ses traitements. Pourtant, ce sont des traitements lourds".
Une efficacité variable selon les cancers, les chimios, les patients...
Tous les patients n'obtiennent pas le même résultat et l’efficacité du casque varie selon les molécules de chimiothérapie utilisées.
"Dans les cancers du sein par exemple, initialement, la prise en charge des chimios est un peu dure et le casque n’a pas beaucoup d’efficacité, de l’ordre de 30 à 40 %. Dans certains cancers des ovaires par exemple, il a plus d’efficacité, presque 80 à 90 %", note la Docteure Delphine Topart, oncologue.
Pour l’heure, il existe peu d’études scientifiques sur l’efficacité réelle de ce casque. Elle dépend aussi de la nature des cheveux et de la durée de la chimiothérapie.