Faut-il interdire les trottinettes électriques ?
Dans certaines grandes villes françaises, les trottinettes électriques sont disponibles en libre-service. Mais leur usage fait débat car elles sont à l'origine d'accidents graves. Faut-il pour autant les interdire ?
La trottinette électrique est un moyen de transport récent très prisé. Elle est rapide, facile d’utilisation et capable de se faufiler n’importe où.
Pourtant, certains ont pris de mauvaises habitudes, interdites par le code de la route, comme porter des écouteurs, ou monter à deux sur la même trottinette, un comportement jugé dangereux.
Des accidents souvent très violents
Antoine, 25 ans, a vécu un grave accident de trottinette. Un soir, après avoir fait la fête, il en utilise une pour rentrer chez lui. Sur la piste cyclable, une voiture gêne son avancée. Sa roue avant se coince, il est projeté dans les airs.
"Quand je suis tombé, le guidon de la trottinette électrique m'est rentré dans le dos, au niveau du rein et de ce que j'ai compris plus tard, c'est qu'avec le choc, mon rein droit a été coupé en deux", explique le jeune homme. Il passe un mois à l’hôpital, dont trois semaines en réanimation. Il en ressort avec un seul rein.
"Je pense que la majorité des gens ne se rend pas compte à quel point ça peut être dramatique, si on tombe mal. Moi, il m'a suffi d'une seule chute et j'ai perdu mon rein donc je pense que ça ne vaut pas le coup et qu'il y a plein d'autres moyens de transport possibles pour ne pas prendre de trottinette électrique", commente Antoine.
80% des accidents dûs à une perte de contrôle
Environ 80% des accidents de trottinette sont dûs à une perte de contrôle de l’engin. Les conséquences sont très différentes selon l’âge. Les jeunes vont plutôt présenter des lésions des membres supérieurs, peu handicapantes contrairement aux plus âgés.
"Au-delà de 40 ans, on a des patients qui sont un peu plus lourds, moins habiles, qui vont présenter eux, bizarrement, des lésions du membre inférieur" note le Pr Alain Sautet, chirurgien orthopédiste à l'hôpital Saint-Antoine, à Paris."Cela va de la cheville, au genou, jusqu'aux fractures de l'extrémité supérieure du fémur avec même parfois des prothèses qui vont être mises en place. Ce sont vraiment des conséquences fonctionnelles importantes", poursuit-il.
Mode débutant, casque, habits réfléchissants...
Pour se protéger, le casque, notamment, est important, même s’il n’est pas obligatoire. Les opérateurs de trottinettes en libre-service rappellent les bonnes pratiques.
"Maîtriser sa vitesse, c'est-à-dire comprendre où sont les freins où est l'accélérateur. On a un mode débutant qui permet que les premiers trajets ne dépassent pas 15 km heure parce qu'on sait qu'au début, il faut prendre en main le véhicule. Porter un casque évidemment, porter aussi les éléments réfléchissants la nuit", liste Maggy Gerbeaux, directrice des affaires publiques chez Dott.
À Paris, il existe une flotte de 15 000 trottinettes, détenues par trois opérateurs. Certaines villes ont décidé de les refuser, comme Strasbourg ou Toulouse. Les Parisiens se prononceront eux ce dimanche 2 avril, pour ou contre les trottinettes en libre-service.