Glaucome : la pollution atmosphérique favoriserait le vieillissement oculaire
La pollution atmosphérique serait responsable de l’amincissement accéléré de la couche nerveuse de la rétine, un symptôme du glaucome. Cette maladie chronique de l'oeil est la seconde cause de cécité en France.
Une étude dévoile que les personnes exposées à la pollution atmosphérique subissent un amincissement accéléré de la couche des fibres nerveuses de la rétine.
L’amincissement de la couche des fibres nerveuses de la
rétine (RNFL) est la principale caractéristique du glaucome, une pathologie de l’œil qui se caractérise par la destruction progressive du nerf
optique.
Le glaucome est la deuxième cause de cécité dans les pays développés
et la première en France. Elle se manifeste par une diminution du champ de
vision, qui se rétrécit peu à peu sur les côtés, tandis que la vision au centre
reste longtemps préservée.
Une étude menée sur 10 ans
L’étude a été réalisée par des scientifiques de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et de l’université de Bordeaux au centre de recherche Bordeaux Population Health. Elle a été publiée dans la revue Environmental Research.
Les chercheurs ont pendant dix ans suivi 683 personnes de plus de 75 ans. Les participants avaient des examens oculaires tous les deux ans pour observer l’épaisseur de la couche de leur fibre nerveuse.
L’exposition à la pollution atmosphérique a été calculée à
partir de la localisation de leur domicile et les données des stations de contrôle
de qualité de l’air, de la météo et de la géographique.
Un risque de glaucome augmenté
"Selon les résultats de cette étude, les personnes
ayant été exposées à des concentrations plus élevées de particules fines
avaient au cours du temps un affinement plus rapide de la couche nerveuse
rétinienne" est écrit sur un communiqué de l’Inserm.
"Les participants exposés à une concentration de
25µg/m3 aux particules fines PM2,5 avaient une diminution plus rapide de
l’épaisseur de cette couche en comparaison a ceux exposés à 20 µg/m3" complète l’institut.
Les résultats indiquent qu’une forte exposition à des
polluants aux cours du temps peut augmenter le risque de glaucome.
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Vers une baisse des seuils européens ?
Les conclusions de l’étude "constituent un argument
supplémentaire en faveur de la baisse des seuils réglementaires européens,
comme recommandé par l’OMS, ainsi que de la diminution de l’exposition
effective de la population française, qui continue de dépasser par endroit les
seuils réglementaires actuels", déclare Laure Gayraud, doctorante en
épidémiologie, première autrice de l’étude.
"De façon plus générale, notre étude documente les effets des polluants atmosphériques sur le vieillissement neurologique. En prenant l’exemple du vieillissement oculaire, elle suggère qu’une exposition à des concentrations élevées de polluants au cours du temps pourrait mener à une accélération du vieillissement neurologique, comme cela a été observé dans des études sur le vieillissement cérébral", affirme Cécile Delcourt, directrice de recherche à l’Inserm, dernière autrice de ces travaux.
Enfin, les scientifiques souhaiteraient élargir l’étude à l’échelle
nationale, pour "approfondir les connaissances" conclut le communiqué.