#StopAccouchementMasqué : des jeunes mères s'indignent
De nombreuses maternités ont imposé le port du masque aux femmes qui accouchent. Le collectif Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques a lancé un hashtag pour dénoncer cette pratique.
46% des femmes ont dû accoucher avec un masque en France, dénonce une enquête nationale menée sur 2727 femmes qui ont accouché entre le 15 février et le 31 mai 2020. Le collectif Stop aux Violences Obstétricales et Gynécologiques qui a mené cette enquête a lancé le hashtag #StopAccouchementMasqué pour dénoncer le phénomène.
Sonia Bisch, présidente de StopVOG, ne cache pas sa colère. Selon elle, ce sont plus de 87% des maternités qui ont imposé le port du masque aux mères pendant leur accouchement. Le collectif continue à recueillir des témoignages via ce formulaire.
« Une femme qui accouche, c’est une sportive de haut niveau ! » s’exclame Sonia Bisch. Dans son guide de recommandations des équipements sportifs et espaces de pratique sportive, le ministère des Sports précise que certaines activités physiques sont incompatibles avec le port du masque. « Si on ne met pas de masque pour faire du sport, on n’en met pas pour accoucher ! » déclare la présidente de StopVOG.
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Une première rencontre masquée
L’accouchement de Mélissa a duré 40 heures. Son conjoint n’a pas eu l’autorisation de venir, l’équipe médicale était peu disponible et la jeune mère a dû porter un masque. « L’équipe médicale a décidé de procéder à une césarienne d’urgence, dès ce moment j’ai porté un masque. Quand ils ont posé ma fille sur moi, j’ai eu du mal à la voir car le masque me remontait dans les yeux. »
« Avoir le masque pendant que je rencontre mon bébé, j’ai trouvé ça étrange. C’était le moment du premier bisou, du premier regard, et elle n’a vu qu’un masque, » regrette Mélissa.
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Stress et accouchement
Les femmes ayant porté un masque en accouchant sont plus nombreuses à avoir subi des complications et des actes médicaux, selon l’enquête de StopVOG. En particulier, la fièvre, les déchirures du périnée et l’utilisation de forceps. Le collectif précise que l’enquête n’a pas permis d’établir une corrélation entre le port du masque et l’augmentation des complications.
Mais selon Sonia Bisch, « si la mère est sereine, l’accouchement se déroulera bien. Le stress est néfaste au bon déroulement de l’accouchement. Dans les témoignages, des femmes disent qu’elles n’arrivaient pas à respirer, qu’elles suffoquaient, et que du coup le médecin a eu recours aux forceps. Comme elles n’arrivaient pas à respirer, ça a entraîné des complications, » affirme-t-elle.
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Ces complications, Miriam les a vécues. Cette orthophoniste a accouché en avril, comme Mélissa. A son arrivée à la maternité de Saint-Maurice dans l’Essonne, on lui fournit une enveloppe de masques à porter tout au long de son accouchement.
« Avec les contractions ça a commencé à être un peu dur. Je savais qu’il fallait souffler pour lutter contre les douleurs mais avec le masque c’était de plus en plus difficile, » raconte-t-elle. La douleur de ses contractions augmente, elle finit par retirer son masque pour mieux les gérer … mais on lui demande de le remettre. « C'était le fait que je porte mon masque qui leur importait, et pas mon état ni l'ouverture de mon col de l'uterus », se souvient-elle.
Collaborer avec les médecins
Sonia Bisch précise toutefois que cette enquête n’existe que pour entrer en collaboration avec les soignants. « On dit que des femmes sont en détresse en maternité, on ne vient pas embêter les médecins. On a juste besoin de solutions et de réponses aux demandes légitimes des mamans d’avoir un accouchement serein. »
Selon la présidente de StopVOG, « les maternités ont besoin d’être guidées en France, car elles décident de ce qu’elles font et n’ont aucune obligation de suivre les recommandations de bonne pratique médicale. Il faudrait des mesures annoncées clairement par le ministère de la Santé. »
Un masque pour protéger la patiente
Joëlle Belaisch-Allart, présidente élue du Collège National des Gynécologues et Obstétriciens de France (CNGOF), affirme toutefois que le port du masque est la meilleure solution pour protéger la patiente du Covid. Le CNGOF a publié ses recommandations ce 30 septembre. Le port du masque est ainsi recommandé en présence des soignants et "souhaitable pendant les efforts expulsifs".
Le CNGOF précise qu'il ne peut être imposé et que la jeune mère peut porter une visière pour faciliter la respiration et les échanges. Si la patiente ne porte ni masque ni visière, le personnel soignant doit porter un masque FFP2 et des lunettes de protection.