Pour la première fois, une femme transgenre allaite son enfant
Une femme, assignée homme à la naissance, a pu avoir des montées de lait grâce à la prise d’hormones.
"Ce cas montre que, dans certaines circonstances, une lactation modeste mais fonctionnelle peut concerner les femmes transgenres", affirment les auteurs d’une étude parue dans le dernier numéro de la revue Transgender Health. Pendant plusieurs mois, ceux-ci ont en effet étudié une femme assignée homme à la naissance qui pris des hormones provoquant une montée de lait pour nourrir son enfant. "La patiente a pu allaiter en exclusivité pendant six semaines", affirment les chercheurs.
C’est la première étude de ce type. Les chercheurs précisent que la femme qu’ils ont étudiée, âgée de 30 ans à l’époque, prenait des hormones depuis six ans, et n’avait jamais eu recours à des opérations chirurgicales de la poitrine ou de l'appareil génital. Elle avait décidé de prendre des hormones pour allaiter à la place de sa compagne, enceinte, qui ne le souhaitait pas. "Elle espérait pouvoir endosser le rôle nourricier principal de son nourrisson", racontent les chercheurs.
Aussi a-t-elle suivi un traitement à base d’estradiol et de progestérone pendant trois mois et demi, jusqu’à ce que son bébé naisse. Elle a par ailleurs pris du dompéridone, médicament connu pour renforcer la lactation [ndlr : ce traitement est interdit aux Etats-Unis, la patiente a donc dû se le procurer au Canada]. Enfin, trois fois par jour, elle a utilisé un tire-lait, cinq minutes sur chaque sein. "Il faut vraiment qu’elle ait pris de grosses doses pour avoir des montées de lait", explique le Dr Sandrine Brambilla, endocrinologue à Paris, qui n’a jamais entendu parler de cas similaires auparavant. "Pour l’enfant, il n’y a pas de risque, mais pour elle, prendre des hormones en si grosse quantité est loin d’être anodin", poursuit le Dr Brambilla.
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Les chercheurs précisent néanmoins qu’après les six semaines d’allaitement permises par son traitement, la patiente a préféré recourir à un lait maternisé. Celle-ci craignait en effet ne pas pouvoir fournir assez de lait à son enfant. D’après les chercheurs, aujourd’hui, le nourrisson va bien et grandit normalement. Ils reconnaissent cependant que d'autres recherches sur l’allaitement des femmes transgenres sont nécessaires, notamment pour s’assurer du caractère nourrissant de leur lait.