Baby-Loup : au coeur de la vie d'une crèche hors du commun
Baby-Loup est une crèche privée, située en région parisienne, qui prend en charge 24 heures sur 24 les enfants dont les mères travaillent en horaires décalés : à l'aube, la nuit et même le week-end. Un beau projet, unique en France, qui permet aux tout-petits de ne pas être ballotés, et aux femmes de garder leur emploi. Mais Baby-Loup a aussi beaucoup fait parler d'elle après avoir été poursuivie pour avoir licencié une salariée voilée. Ce licenciement, précédemment annulé en cassation, vient d'être confirmé par la cour d'appel de Paris.
La justice française a estimé, ce mercredi 27 novembre 2013, qu'il y avait eu "faute lourde" en raison du comportement de la salariée, restée sur son lieu de travail après sa mise à pied "consécutive à son refus d'ôter son voile islamique".
"Cette décision de résistance marquera l'histoire de la laïcité", a réagi auprès de l'AFP Me Richard Malka, l'un des avocats de la crèche. C'est pour lui "l'affirmation que si la religion est sacrée pour certains, elle n'est pas sacralisée par la République". Selon l'arrêt de la cour d'appel, Baby-Loup "peut être qualifiée d'entreprise de conviction en mesure d'exiger la neutralité de ses employés". Cette notion est semble-t-il le "pivot" sur lequel les magistrats se sont fondés pour ne pas suivre la décision de la Cour de cassation (qui avait estimé le 19 mars 2013 que "s'agissant d'une crèche privée", le licenciement constituait "une discrimination en raison des convictions religieuses" de l'ex-salariée), selon Me Louis Gayon, avocat "historique" de Baby-Loup.
En 2008, Fatima Afif avait été licenciée après avoir annoncé son intention de porter le voile à son retour de congé maternité. Ce qu'avait refusé Natalia Baleato, la directrice de la crèche, en lui opposant la "neutralité philosophique, politique et confessionnelle" inscrite au règlement intérieur depuis 1990. L'ex-employée avait été déboutée devant le conseil de prud'hommes de Mantes-la-Jolie (Yvelines) en novembre 2010, puis devant la cour d'appel de Versailles en octobre 2011.
A l'audience, le 17 octobre 2013, le procureur général, François Falletti, avait préconisé la confirmation du licenciement, demandant à la cour de "résister" à la Cour de cassation.
Fondée en 1991 dans un quartier pauvre et multiculturel, la crèche accueille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 des enfants de familles monoparentales aux horaires décalés et souvent défavorisées. La crèche fermera le 31 décembre 2013 à Chanteloup-les-Vignes, son déménagement à Conflans-Sainte-Honorine reste à confirmer.
"Nous allons continuer (...) l'aventure de Baby-Loup là où on pourra s'implanter", a déclaré Natalia Baleato. "Nous n'avons jamais renoncé, nous devons travailler dans le calme", la "sérénité", a-t-elle poursuivi, ajoutant : "Baby-Loup n'a jamais mené un combat contre quiconque" ni "contre aucune religion".