Ecrans et enfants : "A long terme, on peut arriver à un problème de santé publique"
Pour les Académies de médecine, des sciences et des technologies, les dangers de l’omniprésence des écrans sur le sommeil des enfants et des adolescents ne fait aucun doute.
4 heures et 11 minutes : voilà le temps passé en moyenne chaque jour par les enfants de 6 à 17 ans devant un écran ! Un usage excessif qu’il faut réguler selon l’appel des Académies de médecine, des sciences et des technologies. Selon elles, les preuves scientifiques sur les conséquences sur le développement psychomoteur et relationnel sont insuffisantes. En revanche, les effets néfastes sur le sommeil ne font aucun doute. Les explications du Pr Yvan Touitou, chronobiologiste.
- Pourquoi avoir décidé de lancer cet appel ?
Pr Yvan Touitou, chronobiologiste : "Ce travail est nécessaire car c’est un problème qui va croissant avec des enfants qui sont de plus en plus accros aux différents écrans, il y en a partout. Ils perdent le contact entre eux. Outre le fait qu’ils passent du temps devant les écrans le soir tard, aux dépends de leur sommeil normal, ils sont exposés à la lumière des écrans qui sont des LED, toxiques pour la rétine et pour l’horloge biologique que nous avons tous dans le cerveau."
- Quels sont les effets de la lumière bleue émise par les écrans sur notre horloge biologique ?
Pr Yvan Touitou : "La lumière bleue bloque la sécrétion de mélatonine, l’hormone qui sert à l’endormissement. Donc nous sommes dans un cercle vicieux où on est devant des écrans le soir, tard la nuit, et on ne dort pas. 60% des adolescents ont leur smartphone allumé jour et nuit. Je pense qu’à long terme, on peut arriver à un problème de santé publique dont il faudra s’occuper sérieusement."
- Quels conseils donnez-vous aux parents ?
Pr Yvan Touitou : "C’est difficile car on peut encadrer des enfants en bas-âge et leur expliquer des choses mais lorsque l’enfant devient adolescent, il a tendance à rejeter tout ce qu’on peut lui dire. Il faudrait faire une école des parents. Par exemple, les rectorats devraient organiser des réunions pour expliquer aux parents ce qu’est la lumière bleue, ce qu’est le sommeil des enfants… On pense par exemple que les enfants récupèrent de leur dette de sommeil le week-end en se levant tard, c’est archi faux ! Leur horloge biologique se désynchronise encore plus. Il faut proscrire les écrans avant trois ans, y compris la télé et progressivement, à partir de l’âge de 7 ou 8 ans, discuter avec les enfants pour voir avec eux comment on peut organiser une journée où on pourrait leur donner environ 30 minutes d’écran."