Afrique : les jumeaux fortement touchés par la mortalité
La mortalité infantile des jumeaux reste très significativement plus élevée en Afrique subsaharienne que dans les autres parties du monde, selon une étude publiée dans The Lancet. Des données d’autant plus inquiétantes que les taux de mortalité infantile et les naissances multiples y sont aussi les plus élevés.
Plus d'un enfant issu de naissances multiples sur cinq (21,3%) décède avant l'âge de cinq ans en Afrique subsaharienne. C'est trois fois plus que chez les autres enfants (sans jumeau), souligne l'étude publiée le 31 mai 2017 dans la revue médicale The Lancet.
Et ce taux de mortalité n'a diminué que d'un tiers en vingt ans, alors qu'il a été divisé par deux chez les autres enfants, observent les auteurs, qui ont analysé les statistiques de 30 pays d'Afrique subsaharienne portant sur 1,7 million de naissances - dont près de 57.000 jumeaux - entre 1995 et 2014.
Deux à cinq fois plus de risque de ne pas atteindre l'âge de cinq ans
Cette tendance à la surmortalité des jumeaux n'est pas spécifique à l'Afrique subsaharienne : selon les régions, les jumeaux ont deux à cinq fois plus de risque de ne pas atteindre l'âge de cinq ans. C'est notamment lié au fait que les grossesses gémellaires présentent plus de risques de naissance prématurée, de faible poids du bébé ou de complications à l'accouchement.
Mais cette disparité revêt une gravité particulière sur un continent où l'on trouve à la fois les taux de mortalité infantile les plus élevés au monde et la plus forte proportion de naissances multiples naturelles, avertissent les auteurs de l'étude. "Si l'on ne porte par une attention spécifique à cette population vulnérable, il sera très difficile d'atteindre" les objectifs de mortalité infantile fixés dans les objectifs de développement durables de l'ONU, avertit Jeroen Smits, spécialiste d'économie du développement à l'Université Radboud de Nijmegen (Pays-Bas), coauteur de l'étude.
Objectif : baisser la mortalité néonatale en dessous de 12 pour 1.000
Ces objectifs prévoient de ramener la mortalité néonatale (avant un mois) en dessous de 12 pour 1.000 naissances dans le monde d'ici à 2030, et la mortalité avant cinq ans, sous les 25 pour 1.000.
Pour continuer à réduire la mortalité infantile en Afrique subsaharienne, "il faut donner la priorité au diagnostic précoce des grossesses gémellaires et permettre à davantage de femmes enceintes de jumeaux d'accoucher à l'hôpital", a déclaré à l'AFP l'autre co-auteur de l'étude, Christiaan Monden, professeur à Oxford (Royaume-Uni). Il a toutefois reconnu qu'il y avait d'importants "obstacles financiers et culturels pour l'atteinte de ces objectifs".