Bronchiolite : avec ou sans ''kiné'', aucune différence
La kinésithérapie respiratoire n'est pas efficace pour combattre la bronchiolite, cette infection respiratoire qui touche chaque hiver près de 30% des enfants de moins de 2 ans et fait la hantise des parents, affirme la revue médicale indépendante Prescrire, d'après une synthèse de neuf études sur la question.
Alors que la kiné respiratoire est très largement prescrite en France et dans plusieurs pays européens francophones, neuf études, réalisées sur 891 nourrissons hospitalisés pour des bronchiolites, n'ont fait apparaître aucune différence entre les enfants traités par "kiné" ou "sans kiné", relève Prescrire dans son numéro de décembre 2012.
Selon une synthèse des neuf études réalisée par un groupe du Réseau international Cochrane (d'évaluation et d'information médicales), aucune différence n'a été retrouvée en terme d'évolution clinique, d'oxygénation du sang, de fréquence respiratoire, de durée de la maladie ou de l'hospitalisation, quelle que soit la technique de "kiné" respiratoire utilisée.
Avec ou sans "kiné", la durée moyenne de la maladie a été d'environ 13 jours.
Parmi les effets indésirables de la "kiné" rapportés par les études figurent des vomissements, des douleurs et des fractures de côtes (une fracture pour 1.000 nourrissons traités, selon une étude conduite dans des hôpitaux parisiens).
"En 2012, on dispose de données solides montrant que chez les nourrissons atteints de bronchiolite, la kinésithérapie respiratoire n'est pas efficace et a une balance bénéfices-risques défavorable, y compris avec la technique habituellement utilisée en France. Mieux vaut épargner cette épreuve aux bébés", conclut Prescrire.
La bronchiolite est une infection des petites bronches dues à des virus très contagieux et très fréquents, le plus souvent d'évolution spontanément favorable.
Elle débute généralement par un simple rhume et une toux qui peut s'accompagner de sifflements. Elle peut être responsable de complications graves chez les enfants les plus fragiles, notamment les enfants de moins de trois mois ou les bébés prématurés.
La seule manière d'éviter la contagion est, selon l'Inpes, de se laver régulièrement les mains, porter un masque chirurgical pour s'occuper d'un bébé et ne pas l'embrasser lorsqu'on est malade, se couvrir la bouche pour éternuer ou tousser et éviter les lieux publics où l'enfant pourrait être en contact avec des personnes contaminées.
Le conseil de l'Ordre des kinésithérapeutes-massuers avait objecté que les études portaient sur des nourrissons hospitalisés déjà en détresse respiratoire et particulièrement fragilisés et n'évaluaient que les techniques anglophones. La technique préconisée en France a totuefois été évaluée dans 4 des 9 études, soit chez 645 nourrissons au total.
La kinésithérapie respiratoire française privilégie les techniques expiratoires passives et lentes, associées à la toux provoquée. Sa prescription n'est pas systématique mais dépend de l'état clinique de l'enfant, c'est-à-dire de son encombrement bronchique, selon les dernières recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) sur la bronchiolite. Mais dans ce document publié en 2000, la HAS souhaitait également la poursuite des études de validation de cette pratique afin d'obtenir une "base scientifique solide".
Source : "Bronchiolites des nourrissons : pas de kinésithérapie respiratoire", Prescrire, décembre 2012.
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