Handicap : bientôt des assistants sexuels?
Une assistance sexuelle pourrait être proposée aux personnes en situation de handicap dans le cadre d'une expérimentation. En quoi ça consiste ? Cette assistance pourrait-elle être remboursée ? On fait le point.
Rendre légale l'assistance sexuelle pour les personnes en situation de handicap. C'est la proposition qu'a formulé le 6 février dernier le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH), une instance rattachée au gouvernement. Dans un premier temps, cette proposition aurait lieu sous forme d'expérimentations locales.
Une aide pour découvrir son corps et sa sexualité
"L'assistance sexuelle est une assistance humaine apportée à des personnes en situation de handicap, quel que soit le type de handicap et quel que soit l'âge de survenue de ce handicap", explique Julia Tabath, secrétaire de l’association CH(s)OSE, militante pour un accès effectif à la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap. "C'est une aide pour découvrir son corps, se l'approprier, se le réapproprier, découvrir sa sexualité et évidemment avoir des relations sexuelles si on va jusqu'au bout de la logique de l'assistance sexuelle", poursuit-elle.
Lever l'obstacle légal
Concrètement, la proposition du CNCPH consiste à tester et évaluer pendant au moins deux ans et dans deux régions cette assistance sexuelle. Une expérimentation qui soulève une question légale puisqu'aujourd’hui, en France, la loi interdit les relations sexuelles tarifées qui sont assimilées à du proxénétisme.
"Ce n'est pas un obstacle juridique si on revient à la base de ce qu'est l'assistance sexuelle, qui est une compensation d'un handicap. Dans ce cas, il suffit juste de trouver un cadre légal qui peut exister, comme on a fait pour les salles de shoot : on a fait des exceptions à la loi qui permettent une pratique dite à risque et condamnée par ailleurs mais encadrée par un cadre éthique et juridique."
Quel remboursement pour ces prestations ?
En parallèle, cette expérimentation nécessite de former des assistants sexuels car "on ne peut pas s'improviser assistant ou assistante sexuelle", confirme Julia Tabath. "Il s'agit de bien connaître les différents types de handicap, ce que l'on peut faire ou accepter de faire selon les personnes. Tout cela s'apprend et demande une rigeur de travail" détaille la militante.
Dernier point sur lequel il faudra réfléchir : celui du remboursmeent de ces prestations. "C'est une pratique professionnelle, qui doit donc être prise en charge dans le cadre de la compensation ou dans le cadre de la Sécurité sociale. La santé sexuelle au sens large fait partie du soin, c'est un droit reconnu par l'OMS", insiste Julia Tabath.