Hôpital : les internes croulent sous le travail
Les internes sont soumis à des cadences de travail infernales. Au-delà des actes médicaux, ils doivent assurer plusieurs tâches administratives. Une lourde charge qui découle d'un manque de personnel hospitalier.
Endormir le patient et réguler la profondeur de son sommeil, c’est l’un des actes quotidiens de Lucie Collet. Elle est interne en troisième année en anesthésie-réanimation au groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière. Et ses journées sont bien remplies.
"Il y a plein de petites choses à faire. Le matin, on va faire les prescriptions, on essaye de se poser sur le patient, de regarder comment il a évolué, ce qu'on va essayer de régler dans la journée. L’après-midi, on fait les missions. Ça peut être une fibroscopie, ou aller au bloc opératoire, donc appeler les chirurgiens puis appeler les anesthésistes pour prévoir le bloc", explique Lucie.
Jongler entre le lit du malade et l'ordinateur
Les missions de Lucie ne s’arrêtent pas là. Toute la journée, elle doit alterner entre les soins, au lit des malades, et des tâches administratives, devant l’ordinateur. Elle doit notamment remplir les dossiers des patients. Une démarche qui paraît simple, mais que Lucie doit assurer en plus des actes purement médicaux.
"Quand le patient va revenir à l'hôpital dans deux ans, il faut bien que les gens sachent ce qu'il s’est passé. C’est essentiel qu’on prenne le temps d’écrire dans les dossiers ce qu'il faut. Ce n’est pas forcément l’urgence dans la journée. Le plus important, quand il est arrivé, c’est surtout d'aller le voir et de s’occuper de lui. Mais remplir les dossiers peut prendre entre 20 et 40% de notre temps selon les jours", commente Lucie Collet.
Des procédures de travail laborieuses
Une charge administrative lourde et qui n’est pas toujours optimisée. Dans beaucoup d’hôpitaux, les fax sont encore monnaie courante, par exemple, pour demander des médicaments coûteux à la pharmacie.
"Ça peut être des médicaments d’utilité urgente qu’on doit faxer ensuite à la pharmacie. Ça peut prendre un peu de temps et dans les situations urgentes, ça peut devenir un peu galère" réagit Léonard Corti, interne en anesthésie-réanimation au groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière et membre du syndicat SIHP.
Même procédure laborieuse quand il s'agit de demander des examens pour les patients : "Ça peut aller du fax, à la demande sur un certain logiciel, au coup de fil...", liste l'interne.
"Sans les internes, on ferme les hôpitaux"
Si les internes se retrouvent à faire des tâches administratives, qui ne relèvent pas toujours de leur formation médicale, c’est notamment parce que l’hôpital manque de bras.
"Il ne faut pas se le cacher, il y a énormément de tâches dans les hôpitaux qu’on fait faire aux internes, aux externes, parce qu’on n'a pas les ressources en termes de secrétariat médical, en termes de gestion de l’activité administrative. Clairement, si on n’a plus les internes, on ferme les hôpitaux", confirme le Pr Jean-Michel Constantin, chef du service anesthésie-réanimation au groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière.
Mais ces internes indispensables ont des journées à rallonge. Dans ce service, ils travaillent en moyenne 48 heures par semaine, avec parfois, des pics jusqu’à 90 heures.
Plusieurs numéros d'aide existent pour les soignants et étudiants en médecine en difficulté :
· L'Association soin aux professionnels de santé (SPS) :
0825 23 23 36 - 24h/24 et 7j/7
· Son lieu d'accueil à Paris, qui propose des consultations et des ateliers : la maison des soignants
· Le numéro vert du conseil de l’ordre des médecins : 0800 288 038 - 24h/24 et 7j/7
· Les Cellules d’Urgence Médico-Psychologique (CUMP) départementales : on en compte une par département, elles sont rattachées au SAMU et joignable via le 15 (depuis un téléphone fixe) ou le 112 (depuis un téléphone portable).