Pourquoi ai-je la mâchoire qui craque ?
Vous n’y prêtez pas forcément attention mais votre mâchoire craque ou claque tout le temps. Pourquoi craque-t-elle ? Quel traitement préconiser pour mettre fin au problème ? Notre dentiste vous répond.
Deux articulations situées juste en avant de nos oreilles nous permettent de manger, parler, avaler, bailler. Avec 10 000 mouvements par jour, c’est l’articulation qu'on utilise le plus… et parfois elle connaît des ratés.
Le raté le plus impressionnant dans le fonctionnement de cette articulation c’est la luxation totale de la mâchoire inférieure. Elle sort des articulations du crâne, il est donc impossible de fermer la bouche et des douleurs intenses se ressentent. Comme pour une épaule, il faut réduire la luxation. Le médecin appuie avec ses doigts sur les molaires du fond en poussant d’abord vers le bas puis il fait remonter le menton pour essayer de remettre la mandibule à sa place. C’est difficile car les muscles masticateurs qui stabilisent l’articulation sont très puissants.
Quand la mâchoire craque-t-elle ?
Une mâchoire qui craque peut survenir à chacun de nous après un traumatisme, parfois un simple bâillement, un sandwich trop épais ou une séance trop longue chez le dentiste peuvent même suffire. Souvent cela survient chez des personnes qui ont un terrain particulier. Elles sont hyperlaxes ou ont des problèmes au niveau de l’articulation. Les ligaments et les éléments qui entourent l’articulation ne la stabilisent pas correctement. La mâchoire du bas est en forme d’angle droit et elle a une extrémité supérieure en forme de boule qui glisse à l’intérieur d’une cavité dans l’os temporal du crâne.
Des articulations les plus complexes du corps
Le disque articulaire est un petit coussinet qui sert à faire glisser les surfaces articulaires et amortir les chocs quand les mâchoires se referment surtout au moment de la mastication et de la déglutition pendant lesquelles les pressions sont très fortes. Tout autour de l’articulation, des muscles et des ligaments s’insèrent pour la stabiliser. Si les ligaments sont trop lâches, les muscles chroniquement contractés et que le disque est endommagé, la boule est plus susceptible de sortir de l’articulation… c’est la luxation.
Des muscles et des ligaments nous permettent de mâcher et de parler sans que notre mâchoire se déboîte. Les articulations doivent être totalement synchronisées pendant tous leurs mouvements de glissement d’avant en arrière, sur les côtés ou pour les mouvements d’ouverture et de fermeture. Pour que ça fonctionne bien, il faut qu’il y ait un équilibre parfait entre l’appui des dents, les muscles et l’articulation elle-même. Si vous grincez, que vous serrez des dents ou si vos appuis dentaires ne sont pas corrects (parce qu’il vous manque des dents), que vous avez une malformation de la mâchoire ou une maladie, la machine peut s’enrayer. Le disque articulaire peut se déplacer ou être endommagé et ça provoque des symptômes.
La mâchoire qui claque ou qui craque ?
Le claquement c’est en fait un signe que le disque s’est déplacé en avant de la surface articulaire et qu’il ne joue plus qu’à moitié son rôle. Il est coincé en avant et dans ce cas au début du mouvement d’ouverture de la bouche, il n’est pas sous la boule articulaire. Ce n’est qu’au bout d’un moment que la boule va se reglisser en dessous entre le disque et l’os du crâne. C’est à ce moment qu'on entend ce clac impressionnant, en général, il s’accompagne d’un tressautement de la mâchoire. On appelle ça une luxation discale réductible.
Si cette luxation devient irréductible, le disque va rester en permanence coincé en avant de l’articulation pendant l’ouverture et la fermeture de la bouche et ne jouera plus du tout son rôle d’amortisseur. Les claquements laisseront plutôt la place à des crépitements. Comme l’articulation ne fonctionne plus bien, l’ouverture de la bouche peut être limitée. Normalement on doit pouvoir mettre trois doigts en hauteur dans sa bouche pour que cela puisse vraiment diminuer.
Quand faut-il traiter ?
Au début on ne ressent pas forcément de douleur mais par la suite ça peut devenir douloureux au niveau de l’articulation. Il peut y avoir des douleurs musculaires au niveau des joues et des tempes, ce qui correspond à des tensions des muscles masticateurs mais aussi au niveau du cou et de la tête. Des acouphènes peuvent également survenir.
Quand ça claque et que vous n’avez pas de douleurs, ça peut être transitoire et se résoudre tout seul en six mois. Si cela persiste et que ça s’accompagne de douleurs, il existe plusieurs stratégies de traitement. D’abord il faut mettre au maximum l’articulation au repos : on évite les aliments trop durs ou le chewing-gum. On traite les tensions musculaires grâce à de la physiothérapie, de l’ostéopathie et de la relaxation. Si ça ne suffit pas, une prescription médicale d’anti-inflammatoires, de relaxants musculaires peut être envisagée et on prend aussi en charge le stress qui est un facteur aggravant.
Fabriquer une gouttière
Pour soulager l’articulation, on peut mettre une gouttière personnalisée de 2 mm d’épaisseur à placer entre les dents la nuit. Ça permet de rééquilibrer les forces sur l’ensemble des dents et de décomprimer l’articulation pour que le disque puisse se remettre en place. Si le bruxisme est à l’origine du problème, ça permet aussi de protéger les dents de l’usure. Si vraiment le problème concerne les appuis dentaires, on peut envisager de l’orthodontie ou de la prothèse pour déplacer les dents afin de trouver de meilleurs appuis. Si les problèmes persistent, on peut envisager la chirurgie pour remodeler l’articulation et remettre le disque en place.
Prix d'une gouttière
Le prix global d’une gouttière est en général 300 euros. La pose d’une gouttière est un acte conventionné qui coute 172,98 euros. Il est pris en charge à 70 % par la sécurité sociale. Mais la prise des mesures par le dentiste pour la fabrication de la gouttière, elle, est en honoraires libres. Le plus souvent, les dentistes la facture environ 130 euros. C’est donc en moyenne 300 euros mais ça peut fortement varier en fonction de la complexité du cas. Il faudra également voir du côté de la mutuelle pour une éventuelle prise en charge.