La fibromyalgie bientôt diagnostiquée grâce à un test sanguin ?
Trois quarts des personnes atteintes de fibromyalgie ne seraient pas traitées. En cause, l’absence d’examen pour diagnostiquer la maladie. Mais des chercheurs pourraient avoir trouvé la solution.
Bientôt la fin de l'errance diagnostique pour les 2% de la population souffrant de fibromyalgie ? Cette maladie, qui se caractérise par des douleurs diffuses qui atteignent les muscles, les tendons ou les articulations, s’explique par un dérèglement du circuit de la douleur : le cerveau n'arrive plus à décoder les sensations.
Mais il n’existe à l’heure actuelle aucun examen qui permette de diagnostiquer cette maladie. Les médecins procèdent donc par élimination. 18 points de pression sont par ailleurs particulièrement sensibles au toucher chez les patients concernés : lorsque 11 de ces 18 points sont douloureux, on parle de fibromyalgie.
Toutefois, des chercheurs américains affirment avoir mis au point un examen clinique fiable. Grâce à des tests sanguins, ils auraient réussi à définir un profil caractéristique des patients touchés par la maladie. Leurs travaux sont parus dans la revue Journal of Biological Chemistry le 6 décembre 2018.
Les personnes atteintes de fibromyalgie auraient un métabolisme différent
"Notre but était […] de différencier les patients fibromyalgiques des patients souffrant d’arthrite rhumatoïde, d’arthrose ou de lupus systémique" développent les chercheurs. Pour cela, ils ont analysé le sang de 50 patients fibromyalgiques, de 29 patients souffrant d’arthrite rhumatoïde, de 19 patients atteints d'arthrose, et de 23 patients avec un lupus. Grâce à la technique de la spectroscopie vibrationnelle [une analyse chimique de la composition moléculaire, ndlr], ils ont réalisé que la plupart des personnes atteintes de fibromyalgie avaient un métabolisme différent de celui des autres personnes de l’échantillon.
Les chercheurs estiment que leur découverte pourrait être d’une grande aide pour les médecins, qui manquent de connaissances sur le sujet et peinent à établir les diagnostics de fibromyalgie. "Certains essaient de se fier aux critères de classification existant, quand d’autres restent sceptiques et dissuadent leurs patients de demander un examen – ils pensent que les symptômes sont purement « psychologiques »" affirment les chercheurs. Autre problème : certains patients sont diagnostiqués fibromyalgiques, alors qu’ils souffrent en réalité "de troubles de l’anxiété, de troubles somatoformes ou du syndrome des jambes sans repos", notent les auteurs.
Selon eux, la généralisation de leur test permettrait également de mieux adapter les traitements aux patients. Les personnes souffrant de douleurs chroniques sont en effet souvent soignées avec des opioïdes. Or, la fibromyalgie peut être aggravée par la prise de tels médicaments, d’après le Dr Kevin Hackshaw, principal auteur de l’étude. Avec son équipe, il va maintenant mettre en place un essai clinique pour mettre en pratique le test sanguin. Car celui-ci reste, pour le moment, expérimental.