Colique néphrétique : quelle prise en charge ?
L'ancien joueur de football brésilien Pelé a récemment été hospitalisé en raison d'une complication rénale suite à une opération pour le retrait de calculs rénaux. Si son état de santé s'est amélioré ces derniers jours, les dernières semaines ont été mouvementées avec notamment un passage en soins intensifs. Qu'est-ce qu'une colique néphrétique ? Quels symptômes doivent alerter ? Comment la prend-on en charge ? Les explications avec le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste.
Les calculs rénaux (lithiase rénale), communément appelés "pierres aux reins", sont des cristaux durs qui se forment dans les reins et peuvent se bloquer. Dans près de 90% des cas, les calculs urinaires se forment à l'intérieur d'un rein. Leur taille est très variable, allant de quelques millimètres à plusieurs centimètres de diamètre et la plupart d'entre eux s'éliminent spontanément.
Comment se forment les calculs rénaux ?
Les calculs rénaux sont très fréquents et 5% à 10% des individus vivront une crise de colique néphrétique au cours de leur vie, fréquemment dans la quarantaine. Ils sont deux fois plus fréquents chez l'homme que chez la femme.
Les calculs sont le résultat de la cristallisation de sels minéraux et d'acides présents en trop forte concentration dans l'urine. Le plus souvent, ils sont dus à un manque de dilution des urines, c'est-à-dire à une consommation trop faible d'eau. Une alimentation déséquilibrée, trop riche en sucre ou en protéines, peut également être en cause. Mais dans de nombreux cas, on ne retrouve pas de cause précise. La majorité des calculs rénaux contiennent du calcium.
Les symptômes de la colique néphrétique
Et le principal symptôme est la douleur qu'il faut traiter rapidement. Il s'agit d'une douleur soudaine et intense dans le dos (d'un côté, sous les côtes), irradiant dans le bas du ventre et vers l'aine et les organes génitaux externes. Les autres symptômes sont des nausées et des vomissements, du sang dans l'urine (pas toujours visible à l'oeil nu). Dans ce cas, les anti-inflammatoires non stéroïdiens diminuent la douleur et permettent au calcul de s'éliminer. Des morphiniques peuvent aussi être administrés par voie intraveineuse à l'hôpital lorsque la crise est très violente. La prise en charge peut se faire en ambulatoire à la maison jusqu'à ce que le calcul soit évacué. La chaleur aide aussi à soulager la douleur (bains chauds, compresses chaudes et humides).
Mais n'hésitez pas à consulter en urgence dans les cas suivants :
- les coliques néphrétiques hyperalgiques (très douloureuses) ne répondant pas au traitement oral ;
- la fièvre ;
- l'infection urinaire ;
- la grossesse ;
- le rein unique.
Quand faut-il opérer ?
Il y a des cas où une intervention est nécessaire. En cas de signe infectieux ou de douleur non calmée par les antalgiques, il faut monter en urgence une sonde interne appelée sonde double J ou sonde JJ. C'est un petit tuyau que le médecin entre par l'urètre, passe dans la vessie pour le placer ensuite entre la vessie et le rein dans chacun des uretères. Cette sonde JJ permet aux urines de passer autour du calcul, ou elle fait remonter le calcul dans le rein en le poussant, où il pourra par la suite être fragmenté. Il s'agit d'une urgence car il faut drainer les urines pour ne pas laisser ces urines infectées dans le rein (risque de septicémie).
Si le calcul n'est pas évacué ou est trop gros, il devra être fragmenté, c'est-à-dire réduit en petits morceaux ou extrait chirurgicalement à l'aide d'une des techniques suivantes :
- Par urétéroscopie : pour récupérer les fragments du calcul ou le sortir en une fois. L'urétéroscopie se pratique sous anesthésie générale.
- Par lithotripsie extracorporelle par ondes de choc, technique externe ne nécessitant ni d'ouvrir le corps, ni d'entrer à l'intérieur de l'organisme, les ondes de choc diffusant à travers la peau.
- Par néphrolithotomie percutanée de moins en moins pratiquée au profit de l'utéroscopie souple. Elle est utilisée si le calcul est très gros ou s'il est positionné de telle façon qu'il ne peut être fragmenté par la lithotripsie extracorporelle. On pratique une incision dans le dos pour extraire le calcul.
Prévenir les coliques néphrétiques
Pour éviter les calculs rénaux, il faut :
- Bien s'hydrater : boire de l'eau (2 litres par jour) mais pas de jus de pamplemousse !
- Réduire l'ingestion d'aliments riches en oxalate. Les personnes qui ont déjà eu des calculs à base d'oxalate de calcium doivent restreindre leur consommation d'aliments qui en contiennent beaucoup (épinards, rhubarbe, betterave, bette à carde, arachide, chocolat, thé, germe de blé, gombo (okra), patate douce et fève de soja).
- Attention à la vitamine D et C, avec certains suppléments pourvoyeurs de coliques néphrétiques.
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