Les femmes opérées par un chirurgien homme ont davantage de risque de mourir
Des chercheurs ont révélé que les femmes opérées par un chirurgien homme avaient 15% de complications supplémentaires et un risque de décès 32% plus élevé que si elles étaient opérées par une chirurgienne.
Les femmes vont-elles bientôt devoir choisir le sexe de leur chirurgien ? Selon une étude canadienne publiée dans le journal JAMA Surgery, des chercheurs ont analysé les dossiers de plus de 1,3 million de patients opérés en Ontario, au Canada. Et les résultats montrent que l’évolution post-opératoire des patients n'est pas la même selon qu'on soit opéré par un homme ou par une femme. Cela concerne tous les types de chirurgies.
15% de risques de complications en plus
Les femmes opérées par un chirurgien homme ont plus de risque d'être à nouveau hospitalisées, de souffrir de complications et de décès, que si elles sont opérées par une femme. "Les femmes opérées par les chirurgiens masculins ont un risque de complications post- opératoires 15% plus élevé", précise le Dr Angela Jerath, co-autrice de l'étude, dans un communiqué.
Et quand un chirurgien masculin opère une femme - en comparaison avec un chirurgien féminin - les patientes ont 32 % de risque en plus de mourir dans les 30 jours après l’intervention chirurgicale.
Pas d’impact pour les hommes opérés
Les hommes ont, quant à eux, des évolutions similaires après la chirurgie, qu’ils aient été opérés par un chirurgien masculin ou féminin.
Le Dr Angela Jerath souligne : "Ces résultats sont préoccupants car il ne devrait y avoir aucune différence entre les sexes dans les résultats des patients, quel que soit le sexe du chirurgien."
Autre donnée importante de l'étude : que l'on soit homme ou femme, on aurait légèrement - mais significativement - moins de risques de complications post-opératoires et moins de risques de mourir, si l'intervention est menée par une femme. Comment explique-t-on ces différences ?
Plus empathiques et plus attentives
La réponse ne se situe pas dans la formation technique initiale, qui est identique, que l’on soit un chirurgien homme ou femme.
Les auteurs ont une autre explication. La communication entre une chirurgienne et ses patients est peut être différente par rapport à celle d’un chirurgien : "La discordance de sexe peut nuire aux interactions et à la relation médecin-patient de manière particulièrement négative pour les patientes et les hommes médecins."
Les chirurgiennes seraient donc plus attentives aux risques de complications. Ce climat aurait une influence positive sur les patientes qui se sentiraient plus en confiance et plus à l'aise pour parler ou poser des questions.
"Les symptômes signalés par les patientes peuvent être sous-estimés ... en particulier chez les hommes médecins. Ainsi, les premiers symptômes de complications peuvent passer inaperçus" rapporte aussi dans un communiqué le Dr Christopher Wallis, co-auteur de l’étude.
Les données de cette étude font réfléchir sur la relation médecin-malade. Des recherches supplémentaires seront nécessaires pour mieux comprendre les différences observées dans la prise en charge par un chirurgien masculin ou féminin.
En France, comme dans beaucoup d’autres pays, le milieu chirurgical a longtemps été dominé par les hommes, mais la profession se féminise depuis plusieurs années.
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