Les infections respiratoires flambent chez les enfants : cinq choses à savoir sur la bactérie en cause
La bactérie Mycoplasma pneumoniae serait à l'origine de la flambée des maladies respiratoires pédiatriques en France. Elle serait aussi en cause dans la hausse des maladies respiratoires observée en Chine.
Circulez, tout va bien. Après s’être alertée de la hausse de cas d'infections respiratoires en Chine, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) vient de se voir signifier une fin de non recevoir de la part du gouvernement chinois.
Selon les autorités sanitaires, les foyers de pneumonie signalés chez les enfants dans le Nord du pays sont simplement la conséquence de la levée des mesures strictes prises contre le Covid-19 et à la circulation d'agents pathogènes connus, comme le virus de la grippe, le SARS-CoV-2 (le virus qui donne le Covid-19) ou le virus respiratoire syncytial (VRS) qui touche principalement les nourrissons.
Mais une autre bactérie infectieuse est principalement suspectée : Mycoplasma pneumoniae. En France, cette bactérie est probablement responsable de la flambée des cas d’infections respiratoires et de pneumopathies observée cette année chez les enfants. Voici ce que l’on sait sur Mycoplasma pneumoniae.
La France fait face cet automne à une "flambée" de pneumopathies chez les enfants, à des niveaux inédits depuis au moins 10 ans.
— Nicolas Berrod (@nicolasberrod) November 23, 2023
Un présumé coupable est pointé du doigt : la bactérie mycoplasma pneumoniae.
On fait le point ⤵️
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Une bactérie observée depuis 80 ans
Contrairement au SARS-CoV-2, Mycoplasma pneumoniae n’est pas un nouveau pathogène. La bactérie a été observée pour la première fois en 1944 par le microbiologiste Monroe Davis Eaton. "Compte tenu de sa très petite taille, Mycoplasma pneumoniae a d’abord été pris pour un virus lors de sa découverte", indique la Société française de microbiologie (SFM).
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Comment se transmet Mycoplasma pneumoniae ?
Mycoplasma pneumoniae se transmet par voies respiratoires "via de fines gouttelettes lors de contacts interhumains rapprochés", poursuit la SFM. “La période d’incubation est d’une à trois semaines” et la bactérie touche principalement les enfants et les jeunes adultes.
Mycoplasma pneumoniae est la deuxième cause de pneumonies bactériennes dans le monde, après le pneumocoque. Elle est responsable d’environ 30 % des pneumonies communautaires (où le patient n’est pas hospitalisé) chez l’enfant. Un taux qui atteint 50 % pour les enfants de 5 à 15 ans.
Quels sont les symptômes de Mycoplasma pneumoniae ?
Dans la majorité des cas de contamination à Mycoplasma pneumoniae, l’infection respiratoire aiguë se traduit par une trachéo-bronchite, accompagnée d’une forte toux. D’autres manifestations extra-respiratoires peuvent également survenir, comme des pharyngites, des anémies, des myocardites ou de l’arthrite, notamment chez les personnes immunodéprimées.
Selon la SFM, ces symptômes ne permettent généralement pas de "différencier les infections à Mycoplasma pneumoniae de celles provoquées par d’autres agents de pneumonie".
Comment traiter Mycoplasma pneumoniae ?
Afin de diagnostiquer une infection à la bactérie Mycoplasma pneumoniae, un prélèvement en laboratoire s’impose. Le test rapide est effectué par prélèvement de gorge ou nasopharyngé et les résultats sont disponibles en un ou deux jours.
Pour soigner les patients, un traitement antibiotique est prescrit, à base de macrolides, tels que l’azithromycine, la doxycycline, la lévofloxacine ou la moxifloxacine. "Le traitement par antibiotique permet de raccourcir la durée d’évolution de la maladie", signale la SFM. "Il n’est pas nécessaire de contrôler la disparition du mycoplasme après le traitement. Celui-ci peut rester détectable plusieurs semaines par PCR, malgré la guérison et un traitement antibiotique adapté."
Faut-il s’inquiéter ?
Comme le signale la Société française de microbiologie, les infections à Mycoplasma pneumoniae "évoluent de façon endémique avec des poussées épidémiques tous les 4 à 7 ans".
En règle générale, les contaminations ne sont pas aussi virulentes que celles au Covid-19. À La Croix, le Dr Andreas Werner, pédiatre allergologue à Villeneuve-lès-Avignon dans le Gard et président de l’Association française de pédiatrie ambulatoire, assure que Mycoplasma pneumoniae "est rarement un germe très méchant, donc nous ne sommes absolument pas dans la même situation que lors du Covid".
"Il faut malgré tout surveiller et voir comment ça évolue. Certains enfants peuvent finir aux urgences, et, dans des situations rarissimes, en réanimation." En cas de symptômes viraux, il ne faut pas hésiter à consulter un médecin.