Les intoxications au plomb aussi dangereuses que la pollution aérienne
Les intoxications au plomb sont responsables de 5,5 millions de décès par an dans le monde, selon une étude publiée ce mardi dans la revue Lancet Planetary Health.
Les conséquences de l'intoxication au plomb sont drastiquement sous-estimées en matière de santé publique. C'est ce qu'avance une étude publiée ce mardi 12 septembre. Elle estime leur ampleur comparable à celle de la pollution aérienne. Selon ces travaux, publiés dans la revue Lancet Planetary Health, la pollution au plomb était en 2019 à l'origine de 5,5 millions de décès par maladies cardiovasculaires dans le monde. Elle a aussi joué sur les capacités cognitives des enfants de moins de cinq ans, en particulier dans les pays en voie de développement.
Pour parvenir à ces conclusions, les auteurs, emmenés par deux économistes de la Banque mondiale, ont évalué le niveau d'intoxication au plomb dans la population de nombreux pays (183) à partir d'estimations sur les tests sanguins. Celles-ci avaient été modélisées dans le Global Burden of Disease, un immense programme de recherche qui sert de base à de nombreuses études. Ils ont ensuite croisé ces données avec les conséquences attendues de l'intoxication au plomb en matière de santé.
À lire aussi : Le plomb de la tour Eiffel est-il dangereux pour la santé ?
Le plomb en cause dans 30% des décès cardiovasculaires
Bilan de ce travail : l'intoxication au plomb, qui représenterait un problème aussi lourd que la pollution aérienne, serait à l'origine de 30 % des décès par maladies cardiovasculaires, un niveau six fois plus élevé que les estimations en vigueur. De plus, l’intoxication au plomb est à l'origine de nombreuses pathologies, notamment chez les enfants, alors que le plomb peut se retrouver dans des aliments, de la vaisselle, des engrais...
Ce chiffre est "énorme", selon l'un des auteurs, Bjorn Larsen, de la Banque mondiale. Le rôle du plomb dans les maladies cardiovasculaires serait donc supérieur à celui du tabagisme ou du cholestérol, souligne-t-il auprès de l'AFP.
Plusieurs incertitudes à éclaircir
Ces résultats ont toutefois été accueillis avec prudence par des chercheurs qui jugent contestables certains choix de méthodologie. C'est un travail "intéressant mais sujet à de nombreuses incertitudes", déclare à l'AFP Roy Harrison, expert en pollution aérienne à l'Université de Birmingham. Il souligne notamment qu'il est difficile d'évaluer de manière fiable le degré d'intoxication au plomb chez les populations des pays en voie de développement.
Un autre doute concerne le degré exact auquel l'intoxication au plomb contribue aux maladies cardiovasculaires. Or, les résultats impressionnants de l'étude dépendent beaucoup du choix d'un facteur de risque élevé, sur la base d'une étude uniquement réalisée aux Etats-Unis. "S'ils se confirment, (ces résultats) seront majeurs en matière de santé publique. Mais en l'état, ils ne constituent qu'une hypothèse intéressante", conclut M. Harrison.