Les médicaments anti-nausées augmenteraient le risque d'AVC
Des chercheurs ont aujourd'hui mis en évidence un lien entre la prise de médicaments anti-nausées et le risque d'AVC. Ces traitements étaient déjà dans le collimateur des autorités de santé en raison de complications cardiaques ou neurologiques.
Dompéridone (Motilium®… ), métoclopramide (Primperan®… Prokinyl LP®) ou encore métopimazine (Vogalène®) … Ces médicaments appelés "anti-émétiques" sont pris fréquemment pour soulager les nausées et les vomissements dans les cas de gastro-entérite, d'infection virale…
Pour la première fois, des chercheurs de l'université de Bordeaux et de l'Inserm se sont penchés sur le risque d’AVC ischémique (liée a l’occlusion d’une artère cérébrale par un caillot sanguin) associé à la prise de ces anti-vomitifs et ils tirent la sonnette d’alarme.
Un risque augmenté dès les premiers jours de prise
Les résultats de leur étude, publiée dans le British Medical Journal ont été obtenus grâce à l’analyse de données nationales de l’Assurance Maladie.
Les scientifiques ont ainsi repris les dossiers de 2 612 adultes hospitalisés pour un premier AVC ischémique et ayant débuté un traitement par antiémétiques dans les 70 jours précédant leur AVC.
Premier constat : il existe une augmentation du risque d’AVC ischémique dans les premiers jours d’utilisation des médicaments antiémétiques.
Cette augmentation de risque était retrouvée pour les trois anti-vomitifs étudiés : dompéridone, métoclopramide et métopimazine.
Attention à bien respecter les prescriptions
Les anti-vomitifs ne sont donc pas sans danger et leur utilisation doit être scrupuleusement réglementée.
Le traitement des nausées et vomissements doit en tout premier, s’attaquer à leur cause.
Chez la personne âgée, les anti-vomitifs sont à éviter. Chez l’enfant, la dompéridone et le métoclopramide ne doivent pas être utilisés, quant à la métopimazine, elle est à éviter, rappelle aussi la Haute autorité de santé
En cas de nécessité d’utilisation, il faut bien respecter la prescription de votre médecin. La posologie et la durée de traitement doivent être les plus courts possibles.
Des médicaments déjà sous surveillance
Ces anti-vomitifs appartiennent à une famille de médicaments appelés "antidopaminergiques".
Il a déjà été montré que d’autres "antidopaminergiques", comme les antipsychotiques, qui sont prescrits en psychiatrie, augmentent aussi le risque d’AVC ischémique. Et ce risque augmente d’autant plus que la personne est âgée et qu’il existe une démence associée.
A ce stade, les mécanismes sous-jacents entre médicaments antidopaminergiques et risque d’AVC ischémique ne sont pas bien compris.
La HAS rappelle dans une note de 2019 que "compte tenu du risque d’effets indésirables cardiaques graves et de troubles neurologiques", la prescription de ces médicaments "devrait être envisagée uniquement lorsque ces maladies sans caractère de gravité "peuvent entraîner des vomissements ayant à court terme des complications graves ou très gênantes".
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