Anticancéreux : quel avenir pour le docétaxel ?
Le docétaxel a entraîné la mort de 48 patientes atteints de cancer depuis sa commercialisation il y a vingt ans. Ce médicament est majoritairement utilisé pour lutter contre les risques de récidive du cancer du sein. L'Agence du médicament (ANSM) se laisse jusqu’à fin avril pour décider de l'interdiction ou non du traitement.
L'ANSM a-t-elle trop attendu pour appliquer le principe de précaution dans le dossier du docétaxel ? C’est ce que pensent certains cancérologues. Le médicament est commercialisé depuis 1996. Mais c'est seulement le 17 janvier que l’ANSM et l’Institut National du Cancer (INCa) recommandent aux médecins d'éviter de prescrire ce traitement pour les cancers du sein localisés et opérables.
L'ANSM se défend d'avoir réagi trop tardivement
L’agence se défend en affirmant que des études complémentaires ont été demandées. Si des effets indésirables (colites et choc septique notamment) ont bien été observés en France, il n’en est pas de même pour le reste de l’Europe.
La directrice générale adjointe de l'ANSM, le Dr Christelle Ratignier-Carbonneil, explique : "la survenue de ces signaux n’est pas retrouvée dans les autres pays, donc il est important de voir s’il y a des pratiques différentes, des posologies différentes… La communauté des oncologues n’est pas qu’une communauté française. C’est une communauté internationale, c’est important d’avoir une vue d’ensemble."
Face à l’inquiétude des patientes, l’ANSM se veut rassurante. Les effets indésirables surviennent en général deux à trois semaines après le début du traitement. Il n’y aurait donc pas de risque pour les femmes qui ont été traitées il y a plusieurs mois.
Décider de l'interdiction ou non du médicament
Pour la directrice générale adjointe de l'ANSM, il y a toujours plus de bénéfices que de risques à utiliser le docétaxel. "C’est un traitement majeur dans le cancer du sein. Il a eu son autorisation de mise sur le marché en 2006. En dix ans, il a permis d’épargner plus de 3.000 vies. Il doit être utilisé avec les précautions nécessaires et les recommandations de suivi pour les patientes. On a un cas de décès pour 10.000 patientes traitées. Ces événements restent très rares", explique-t-elle.
Une nouvelle réunion aura lieu fin avril à l’ANSM avec l’Institut National du Cancer et des oncologues pour décider d’interdire ou non le traitement.