Cancer : des oncologues dénoncent le déremboursement des tests génomiques
Pour certaines patientes souffrant d’un cancer du sein, les tests génomiques permettent d’éviter des chimiothérapies inutiles. Jusqu'à présent, ces tests étaient pris en charge grâce à un financement de l'Etat, financement qui prend fin cette année.
Pour les femmes atteintes d’un cancer hormonodépendant, des tests génomiques peuvent être proposés pour statuer sur l’utilité d’une chimiothérapie préventive. Ils sont capables de dévoiler la carte d’identité génétique de la tumeur, afin d'obtenir un score de récidive, classé en trois catégories : faible, intermédiaire ou élevé.
Pour le Pr Pascal Pujol, généticion oncologue, ce résultat permet ensuite de choisir le traitement adapté : “Il y a des femmes qui ont des cancers du sein, on sait qu’il leur faut la chimiothérapie et il y a d’autres femmes qui n’ont pas besoin de la chimiothérapique, mais au milieu, le bénéfice est incertain et c’est là où la génomique apporte de la précision.”
Refus de la HAS
Mais ces tests génomiques ont un coût : 1500 euros en moyenne. Depuis 5 ans, ils étaient pris en charge grâce à une enveloppe de l’Etat en vue de les évaluer. Mais en 2019, la Haute Autorité de Santé a statué contre leur remboursement par l'Assurance Maladie. Leur financement prend donc fin cette année.
Pourtant, pour le Pr Pujol, "leur utilité ne fait plus aucun doute". A l'institut Gustave Roussy, ces tests sont utilisés de manière systématique chez les femmes malades de cancer sans atteinte ganglionnaire : "On avait diminué de l'ordre de 20 à 25% nos indications de chimiothérapie", appuie Dr Suzette Delaloge, oncologue.
Des économies à long terme
Pour les associations, le coût des tests serait facilement compensé par la diminution des chimiothérapies. Laure Guéroult-Accolas, fondatrice de “Mon Réseau Cancer du Sein", explique qu'au "regard de la chimiothérapie, on va éviter les transports, les arrêts de travail…
Au final on fait une économie au niveau global. Il y a près de 60 000 nouveaux cas de cancer par an. Ça représente quand même 5000 à 6000 patientes.” Sans prise en charge de la Sécurité Sociale, certaines patientes risquent de ne plus accéder aux tests génomiques car seuls les grands centres de soins seront en capacité de les financer.