Dépistage, vaccination : les pistes pour éradiquer le cancer du col de l’utérus selon Santé publique France
En France, l’incidence du cancer du col de l’utérus reste élevée alors que le dépistage par frottis ou test HPV et la vaccination constituent deux outils de prévention efficaces, rappelle Santé publique France.
2.920 nouveaux cas et 1.117 décès en 2018. Dans son bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 17 septembre 2019, Santé publique France révèle les derniers chiffres du cancer du col de l’utérus.
Si l’incidence et la mortalité liées au cancer du col utérin diminuent depuis plusieurs décennies, le rythme de cette baisse ralentit, alors même que deux armes efficaces existent contre ce cancer : vaccination contre le virus du papillome humain (HPV) pour la prévention primaire d'une part, et le dépistage organisé pour la prévention secondaire d'autre part.
En effet, quand "la vaccination anti-HPV permet d’empêcher l’infection virale persistante des souches oncogènes HPV les plus fréquentes", le dépistage va, quant à lui "détecter des lésions précancéreuses qui pourront être traitées à temps avant d’évoluer en cancer invasif" puisqu’une à deux décennies peuvent s’écouler entre l’exposition au virus et l’occurrence du cancer.
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Objectif 80% de dépistage
Premier objectif, selon Santé publique France : améliorer le taux de dépistage. Alors que le taux visé est de 80%, Santé publique France révèle qu’entre 2015 et 2017, seul 58,7% des Françaises âgées de 25 à 65 ans ont réalisé un examen cytologique par frottis. Et ce chiffre chute après 50 ans, pour tomber à 44,2% chez les 60-65 ans.
Un taux également marqué par des inégalités territoriales, avec des taux inférieurs à 50% en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique et à Mayotte et des taux situés entre 50 et 57% dans les Hauts-de-France, en Normandie, en Île-de-France et en Centre-Val de Loire.
Un test HPV avant le frottis ?
Pour rehausser le taux de dépistage, réduire les inégalités d’accès à ce test et diminuer de 30% l’incidence et la mortalité par cancer du col utérin à 10 ans, le gouvernement prévoit d’ailleurs de mettre en œuvre un dépistage organisé du cancer du col dès l’automne 2019.
Nouveauté majeure à prendre en compte pour cette mesure : les nouvelles recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS) en matière de dépistage. Alors que celui-ci consiste en un frottis tous les trois ans chez les femmes de 25 à 65 ans, la HAS préconise depuis le mois de juillet 2019 de favoriser en première intention la réalisation d’un test HPV (pour papillomavirus humain) à partir de 30 ans et de conserver le frottis uniquement chez les 25-29 ans.
Couverture vaccinale "très insuffisante"
Autre cheval de bataille de Santé publique France : la vaccination contre les HPV cancérogènes, notamment les HPV 16 et 18, impliqués dans 70% des cancers du col de l’utérus. Actuellement, en France, la vaccination contre le papillomavirus est recommandée chez les jeunes filles de 11 à 14 ans mais pas obligatoire. Elle consiste en deux ou trois doses selon le vaccin et l’âge auquel la vaccination est initiée.
Après une forte diminution de la vaccination entre 2011 et 2015, la couverture vaccinale a augmenté entre 2016 et 2018 pour atteindre "29,4% pour une dose à 15 ans et 23,7% pour le schéma complet à 16 ans". Malgré la tendance à la hausse observée depuis trois ans, la couverture vaccinale du HPV est encore "très insuffisante", déplore Santé publique France.
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Renforcer la prévention dans les territoires défavorisés
Et ici encore, Santé publique France note la présence d’inégalités territoriales et sociales. Plus précisément, grâce à une étude rétrospective menée sur plus d’un million de filles nées entre 1997 et 1999, les chercheurs de Santé publique France ont montré que la prévalence de la vaccination HPV diminuait lorsque le niveau de désavantage social – estimé par la commune de résidence des jeunes filles – augmentait.
Un constat qui "incite à renforcer les actions de promotion et d’accès à cette vaccination dans les territoires les plus défavorisés et à réfléchir à des politiques de santé publique permettant de réduire ces inégalités" note Santé publique France.
Hésitation vaccinale
Mais la promotion de la vaccination perd en efficacité si en parallèle, les idées reçues et les peurs liées au vaccin ne sont pas combattues. "La méfiance de la population envers la vaccination, et notamment ses doutes quant à de possibles effets secondaires, représente un frein au fait de se faire vacciner" alors que "la vaccination anti-HPV, en complément du dépistage par frottis, reste le moyen le plus efficace d’éviter la survenue de lésions cancéreuses au niveau du col de l’utérus" regrette Santé publique France.
La solution, selon l’agence nationale ? Améliorer la communication et mener des actions notamment auprès des adolescentes et de leurs parents pour agir sur l’une des causes majeures de la faible couverture vaccinale : l’hésitation vaccinale alimentée par un manque d’informations, la crainte d’effets secondaires et un manque de confiance quant à l’innocuité des vaccins.
Et comme la vaccination ne protège pas contre tous les HPV liés au cancer du col de l’utérus, elle doit toujours s’accompagner du dépistage par frottis ou par test HPV de 25 à 65 ans, que l’on soit ou non vaccinée. En Australie où des campagnes de vaccination gratuites chez les filles depuis 2007 mais aussi chez les garçons depuis 2013 ont été mises en place en parallèle du dépistage, l’incidence du cancer du col de l’utérus a drastiquement chuté. Le pays se targue même d’être en passe d’éradiquer ce cancer d’ici 10 à 20 ans.
Dommage que le possible élargissement de la vaccination anti-HPV aux garçons, dont l'avis est encore "en cours d’étude par la commission technique des vaccinations de la Haute Autorité de santé (HAS)" selon Santé publique France, tarde à figurer parmi les mesures prioritaires pour éradiquer le cancer du col de l'utérus en France.