Devenir mère malgré le cancer
Porter la vie et potentiellement la mort en soi… C'est l'épreuve que traversent certaines femmes qui doivent mener de front une grossesse et la lutte contre le cancer. Cet événement heureusement rare touche environ 500 patientes par an. Il s'agit surtout de cancers du sein.
Mener de front cancer et grossesse est possible seulement depuis une quinzaine d'années. Pendant longtemps, les médecins recommandaient d'interrompre la grossesse. Ce n'est plus le cas maintenant. Certains traitements sont possibles s'ils sont adaptés au stade de la grossesse.
"C'est un double challenge pour nous", explique le Dr Amal Ghouadni, oncologue, "d'une part il faut qu'on traite notre patiente, il ne faut pas qu'il y ait de perte de chance pour notre patiente, il faut qu'on la traite comme une patiente qui n'est pas enceinte. Et d'autre part, il faut qu'on arrive à trouver des traitements qui ne soient pas toxiques pour le foetus".
La radiothérapie est ainsi contre-indiquée. Elle pourrait provoquer stérilité et cancer chez l'enfant à naître. À l'inverse, certaines chimiothérapies sont possibles, mais peuvent être décalées : "La chimiothérapie ne peut pas être réalisée pendant le premier trimestre de la grossesse, c'est-à-dire avant les 14 premières semaines d'aménorrhée parce que le développement foetal n'est pas encore complet, n'est pas définitif donc on risque d'être très toxique avec le foetus et d'engendrer des complications in utero", précise le Dr Ghouadni.
Une fois nés, les enfants sont particulièrement suivis pour détecter d'éventuels effets secondaires. Pour l'instant, les résultats des études sont plutôt rassurants. La chimiothérapie n'atteindrait ni le développement mental, ni la fonction cardiaque du bébé.
Chaque année, près de 500 femmes découvrent leur cancer pendant une grossesse. Toutes ne la mènent pas à terme notamment quand la maladie est trop avancée et qu'il faut débuter les traitements immédiatement.