Les dinosaures souffraient aussi du cancer
Le Musée royal de l’Ontario (ROM) et l’Université McMaster au Canada publient une étude sur un cas d'ostéosarcome chez un dinosaure. Une découverte qui confirme l'existence ancienne des cancers chez les vertébrés.
Des paléontologues observent le péroné d'un dinosaure. Il est déformé : une grosseur de la taille d’une pomme est présente. Les experts supposent qu’il s’agit d’une fracture guérie. 31 ans plus tard, cette théorie est invalidée. Le Musée royal de l'Ontario (ROM) et l'Université McMaster révèlent qu’il s’agit en réalité d’une tumeur cancéreuse. Ils viennent de publier leur étude dans The Lancet Oncology.
Ostéosarcome : le principal cancer des dinosaures
Cet os de la jambe a été découvert en 1989, dans la province canadienne d'Alberta. Il appartenait à un Centrosaurus, un animal herbivore long de 6 mètres et haut de 2 mètres. Il possédait une corne sur le museau et vivait au Crétacé supérieur.
Ce Centrosaurus souffrait d’un ostéosarcome, une tumeur maligne des os, qui “ressemblait beaucoup à l'ostéosarcome humain”, explique l’un des auteurs de l’étude, Mark Crowther. “C'est fascinant de voir que ce cancer existait il y a des dizaines de millions d'années et qu'il existe toujours", ajoute le chercheur, qui dirige la faculté de médecine de l'université McMaster en Ontario.
L’ostéosarcome semble être le principal cancer chez les dinosaures. En 2019, une publication dans la revue JAMA Oncology révèle que des chercheurs ont observé un ostéosarcome périosté sur une petite tortue d’une trentaine de centimètres sans carapace et dotée de dents pointues, appelée Pappochelys rosinae. Cette découverte a été faite par le Staatliches Museum für Naturkunde de Stuttgart, en Allemagne, qui a analysé au scanner une bosse qui se trouvait sur cet animal vieux de 240 millions d’années.
Tumeurs ou fractures ?
Les tumeurs affectent principalement les tissus mous, qui ne se conservent pas ou très mal durant la fossilisation. Découvrir un cancer sur un dinosaure reste donc très rare. Pendant des années, certains paléontologues étaient persuadés que ces tumeurs n’étaient en réalité que des cicatrices de fracture. Une théorie qui a rendu controversées les découvertes de Bruce Rothschild qui avait prouvé dès 2003, dans la revue allemande Nature, que les dinosaures pouvaient eux aussi être malades d'un cancer.
Avec son équipe de l’Université du Nord-Est de l’Ohio, il a analysé 10 000 squelettes de dinosaures issus de 700 espèces différentes en utilisant une radiologie des vertèbres. Sur 97 dinosaures herbivores, 29 tumeurs des os ont été identifiées. Une observation qu’il a liée à la consommation de conifères, connus pour contenir des substances chimiques ayant un fort potentiel cancérigène.
A l’époque, Bruce Rothschild a conclu que seuls les dinosaures à bec du Crétacé présentaient des formes de cancer semblables à celles observées chez l’Homme. Aujourd’hui, les scientifiques savent que ce n’est pas le cas, grâce aux ossements du Centrosaurus et du Pappochelys rosinae.