Prothèses mammaires : "Nous ne recommandons pas d’explantation préventive"
L’Agence de sécurité sanitaire a décidé de retirer du marché plusieurs modèles d’implants mammaires texturés soupçonnés de favoriser une forme rare de lymphome..
C’est une décision prise par « mesure de précaution ». Dès vendredi, plusieurs modèles de prothèses « macrotexturées » ou recouvertes de polyuréthane seront interdites en France. En cause, le risque de survenue d’un lymphome anaplasique à grandes cellules, un cancer rare du sang. 59 cas ont été déclarés en France depuis 2011 chez des patientes porteuses de ces implants. L’Agence de sécurité sanitaire (ANSM) estime que 70.000 femmes en France seraient actuellement porteuses des modèles concernés par l'interdiction.
Christelle Ratignier-Carbonneil, directrice générale adjointe de l’ANSM a répondu aux questions du Magazine de la santé.
- Que dites-vous concrètement aux femmes porteuses d’implants texturés ?
Christelle Ratignier-Carbonneil, ANSM : "S’il y a la moindre question, elles doivent consulter leur professionnel de santé. Nous ne recommandons pas l’explantation, c’est-à-dire le fait de retirer les implants de manière préventive eu égard au risque de cancer grave mais très rare, que nous avons mis en évidence. Il faut qu’il y ait un suivi de ces femmes au travers du suivi régulier, c’est-à-dire d’examens cliniques des seins et d’imagerie si nécessaire."
- Quels sont les signes qui doivent alerter ?
Christelle Ratignier-Carbonneil, ANSM : "Les femmes porteuses de ces implants doivent s’inquiéter s’il y a des signes fonctionnels, notamment à distance de chirurgie de pose de l’implant. Notamment des signes d’épanchement, de douleurs, de masse, de volume. Dans ce cas, les femmes doivent consulter leur médecin, que ce soit le médecin généraliste, le chirurgien ou le gynécologue."
- Vous avez pris cette décision « par mesure de précaution », cela signifie-t-il que l’on n’est pas certain du lien entre ces prothèses texturées et la survenue de ce type de lymphome ?
Christelle Ratignier-Carbonneil, ANSM : "Depuis un certain nombre d’années, nous investiguons, que ce soit au niveau national ou international sur le lien possible entre la survenue de ces cancers rares et les implants mammaires. Et nous avons pu mettre en évidence que plus l’enveloppe de l’implant mammaire est texturée, plus elle est rugueuse, plus elle accroche, plus c’est un facteur de risque de survenue de ces cancers rares. C’est pour cela que nous avons retiré du marché les enveloppes les plus texturées pour diminuer l’exposition des femmes porteuses d’implants mammaires à ce risque."
- Pourquoi ne pas avoir interdit en bloc toutes les prothèses texturées ?
Christelle Ratignier-Carbonneil, ANSM : "Il existe en France, des implants dits microtexturés et des implants plus fortement texturés : les macrotexturés et très fortement texturés, ce sont ceux que nous retirons. Nous avons pu en effet mettre en évidence un lien possible avec la survenue de ce cancer rare pour les implants les plus texturés et nous continuons bien évidemment à suivre l’ensemble des implants mammaires, qu’ils soient lisses ou texturés."
- Quel type de prothèses mammaires sont désormais recommandées ?
Christelle Ratignier-Carbonneil, ANSM : "Depuis novembre 2018, nous recommandons d’utiliser préférentiellement les implants lisses et lorsque cela n’est pas possible, qu’il puisse y avoir des utilisations d’implants texturés. Et aujourd’hui, avec notre décision, il reste encore des implants, notamment microtexturés qui permettent aux patientes et aux professionnels de santé d’avoir l’option la plus adaptée."
L’Ansm a mis en place un numéro vert pour répondre aux interrogations des patientes: 0 800 71 02 35