Alzheimer : l'exercice physique, un remède contre la maladie ?
Une protéine produite par les muscles pendant l'activité physique améliorerait la mémoire et pourrait avoir un effet neuroprotecteur contre la beta-amyloïde.
Mens sana in corpore sano. Un proverbe latin, qui pourrait cache beaucoup plus de vérités que ce que les Romains de l'Antiquité pouvaient imaginer...
Au cours des dernières années, plusieurs études ont montré que l'exercice physique permettait de prévenir, ou au moins de ralentir, l'apparition de la démence sénile ; d'améliorer la mémoire et de stimuler la production de nouveaux neurones. Mais comment ? Quel est le lien entre l'exercice physique et l'activité neuronale ? La réponse vient des chercheurs de l'Université de Rio de Janeiro : ils ont identifié une protéine qui joue le rôle de médiateur entre les muscles et le cerveau. Un traitement potentiel pour restaurer la mémoire chez les patients ? Les résultats de leurs recherches ont été publiés le 7 janvier dans la revue Nature medicine.
A lire aussi : Prévenir l'apparition de la maladie d'Alzheimer
L'intermédiaire entre l'exercice physique et la mémoire
La molécule identifiée par les chercheurs est l'Irisine, une hormone découverte en 2012, produite lors de l’activité physique par les muscles et envoyée au reste du corps pour remplir différentes fonctions. Elle joue un rôle important dans le cerveau en régulant l'activité et le métabolisme des neurones.
Les chercheurs ont découvert qu'il y avait moins d'irisine dans le cerveau des patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Des expériences sur des souris ont ensuite permis de constater que l’absence de cette molécule entraînait un déficit en mémoire et en plasticité neuronale – c’est-à-dire la capacité des neurones à modifier en permanence les connexions entre eux et à en créer des nouvelles. D’autre part, l’augmentation de la quantité d’irisine permettait d’améliorer la mémoire chez la souris.
Les scientifiques ont également cherché à savoir comment cette hormone agissait sur les neurones cultivés en laboratoire. Elle protège les cellules neuronales de l'action de la bêta-amyloïde, le peptide qui s'accumule dans les cellules du cerveau des patients atteints de la maladie d'Alzheimer et qui a un effet toxique sur les neurones. L'irisine empêche la bêta-amyloïde de se lier aux cellules et maintient intacte la structure des neurones. De plus, elle favorise des processus impliqués dans la consolidation de la mémoire, déficients chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer.
A lire aussi : Alzheimer : catégoriser les malades pour mieux les soigner
Un remède pour la mémoire?
Les résultats de l'étude sont particulièrement prometteurs, car l'irisine est efficace pour améliorer les performances mnémoniques des souris, même lorsqu'elle est injectée. Cette hormone pourrait donc constituer un traitement intéressant, en particulier pour les personnes âgées qui ne peuvent pas pratiquer une activité physique régulière.
Naturellement, d'autres études sont nécessaires pour comprendre la base moléculaire de l'effet de l'irisine sur les neurones. De plus, il reste à savoir si l’effet observé chez la souris est reproductible chez l’homme.
Par Camilla de Fazio