Parkinson : diminuer le fer pour réduire les symptômes ?
Avec l'âge, le fer s'accumule dans plusieurs régions du cerveau, là où les premières lésions caractéristiques de la maladie de Parkinson apparaîssent. Une équipe de chercheurs lillois a communiqué le 14 avril 2014 autour des résultats "très prometteurs" d'un traitement expérimental destiné à réduire la quantité de fer dans le cerveau de patients récemment diagnostiqués.
L'équipe du professeur Régis Bordet mène depuis 2008 des recherches sur le lien - alors supposé, et depuis lors confirmé - entre un taux excessif de fer dans le cerveau et le développement de maladies neuro-dégénératives comme Parkinson. Leurs travaux se sont concentrés sur les moyens de réduire ce taux de fer, et l'effet d'une telle thérapie sur le développement de la maladie. Les résultats de l'essai clinique ont été publiés plus tôt dans l'année, dans la revue Antioxydants & Redox Signaling.
Le choix des chercheurs s'est arrêté sur une molécule déjà connue, la défériprone (qui se lie au fer en un composé facilement éliminé par l'organisme), pour laquelle ils ont cherché à déterminer le dosage adéquat - afin, notamment, d'éviter d'entraîner des carences.
Le traitement mis au point par les chercheurs a été appliqué à 19 patients parkinsoniens en début de maladie. L'étude a été conduite en double-aveugle (18 autres patients étant traités avec un placebo, sans qu'eux-mêmes ni les médecins chargés de leur suivi n'aient d'information sur le traitement administré, afin d'éviter tout effet psychologique).
Les résultats présentés dans Antioxydants & Redox Signaling montrent que la défériprone a effectivement réduit les taux de fer dans le cerveau des patients traités, laissant augurer un effet neuroprotecteur.
Par ailleurs, du fait d'un "effet secondaire du traitement" (non directement lié à la baisse de fer), les malades ont vu leur score de motricité(1) légèrement mais significativement amélioré (diminution des tremblements, des rigidités, de l'akinésie) à l'issue du traitement – le score des patients sous placebo s'étant dégradé. "La défériprone inhibe un enzyme qui dégrade la dopamine", explique à Allodocteurs.Fr, David Devos, l'un des membres de l'équipe de recherche. "Le traitement restaure les niveaux de dopamine, et améliore l'état du patient."
Les chercheurs soulignent toutefois la nécessité d'expérimenter ce traitement à une plus grande échelle pour valider son efficacité et son innocuité.
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(1) Evalué à l'aide d'une échelle standardisée.
Source : Targeting Chelatable Iron as a Therapeutic Modality in Parkinson's Disease. R. Bordet et coll. Antioxidants & Redox Signaling, publication avancée en ligne du 6 février 2014. doi: 10.1089/ars.2013.5593