Qu'est-ce que le MOCA, le test cognitif passé par Donald Trump ?
Pour faire taire les polémiques autour de son état de santé mentale, le président des Etats-Unis, Donald Trump s'est soumis à un test cognitif mondialement reconnu, le MOCA. L'occasion de se faire une idée sur cet outil dans le dépistage des atteintes neurocognitives.
Le médecin de la Maison Blanche, Ronny Jackson, a dressé mardi le tableau d'un Donald Trump en "excellente santé" sans le moindre indice de troubles cognitifs et qui devrait le rester jusqu'à la fin de son mandat, voire d'un deuxième s'il est réélu en 2020. "Il n'y a absolument aucun signe d'un quelconque problème cognitif", a lancé le médecin lors d'un long échange avec les journalistes au cours duquel il a répondu avec moult détails aux questions sur l'état de santé du président de 71 ans.
Un test réalisé à la demande de Trump
Le médecin de la Maison Blanche, qui a également suivi Barack Obama lorsqu'il était au pouvoir, a précisé qu'il n'y avait pas eu à ses yeux de nécessité de mener des tests d'évaluation cognitive mais qu'il avait procédé à ces derniers à la demande du président lui-même, soucieux de faire taire les spéculations. Mettant en garde contre "la psychiatrie de tabloïd", il a assuré n'avoir aucune raison de penser que le président avait des problèmes de raisonnement.
Preuve à l'appui de cette annonce publique, le président des Etats-Unis aurait obtenu 30/30 au test de MOCA (Montreal Cognitive Assesment), l'un des outils de dépistage des atteintes neurocognitives légères les plus utilisés dans le monde. Reconnaître un dromadaire et un rhinocéros, répéter le mot "marguerite" ou "le colibri a déposé ses oeufs sur le sable ", ou encore dessiner une horloge, voici la série de tests - dans sa version française - à laquelle le président des Etats-Unis a dû se soumettre. Sous cette apparente simplicité, ce test évaluerait à la fois la concentration, l'attention, les fonctions exécutives, la mémoire à court terme, le langage, les capacités d'abstraction, le calcul et l'orientation. Le score maximal est de 30 points et le seuil pathologique commence à partir de 26.
Mis en oeuvre en 2005 par le docteur Ziad Nasreddine, neurologue à l'hôpital Charles-Lemoyne de Longueil (Canada), il permettrait de dépister « entre 90 et 100% une atteinte cognitive majeure et 87% pour une atteinte cognitive légère » selon la propre étude de ce médecin. Le succès de ce test auprès des professionnels de santé s'expliquerait également pour "sa rapidité de passation et de cotation, l’absence de coûts pour se le procurer et l’utiliser, le nombre impressionnant de versions dans diverses langues et la facilité d’utilisation" selon l'Institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS) au Canada. En revanche " il ne permet pas à lui seul d'établir un diagnotisc précis de troubles cognitifs" rappelle l'institut sur son site.
"Ce test ne veut rien dire"
Le professeur Marie Sarazin, responsable de l'unité de neurologie de la mémoire et du langage à l'hôpital Sainte-Anne, va même plus loin : " ce test ne veut rien dire ! Il est extrêmement facile et ne peut être considéré comme un véritable test de dépistage. Il n'a pas pour objectif d'identifier des maladies du cerveau telles que des troubles de la personnalité". En France, pour évaluer ses fonctions cognitives, "il est nécessaire de passer des tests neuro-psychologiques qui durent au minimum 1h30 voire davantage selon le contexte. Ce sont des "consultations mémoire" auprès d'un neurologue ou d'un gériatre et permettent d'établir de vrais bilans".