La conquête spatiale, dangereuse pour le coeur des astronautes ?
D'après une étude publiée ce jeudi 28 juillet 2016 dans la revue Scientific Reports, les astronautes d'Apollo seraient davantage touchés par les maladies cardiovasculaires. En cause : une exposition plus forte aux radiations venues de l'espace.
Les astronautes d'Apollo sont les seuls à voyager au-delà de l'orbite terrestre. Particulièrement exposés aux rayonnements cosmiques, ils meurent davantage de maladies cardiovasculaires que leurs homologues restés plus près de la Terre, selon les résultats d'une étude publiée jeudi dans la revue Scientific Reports.
Un risque cardiovasculaire quatre à cinq fois supérieur
Si aujourd'hui les effets des radiations de l'espace sur la santé restent encore mal connus, ces résultats donnent "un premier aperçu de l'impact négatif de ces radiations sur les hommes", particulièrement sur le système cardiovasculaire, souligne Michael Delp, principal auteur de l'étude et chercheur de l'université d'Etat de Floride.
Neuf des onze vols habités du programme Apollo, qui a notamment permis le premier pas de l'homme sur la Lune, sont allés au-delà de l'orbite terrestre basse. Sur les 24 hommes qui ont volé dans l'espace lointain, huit sont désormais morts. L'étude prend en compte seulement sept de ces décès, Edgar Mitchell étant décédé en février 2016 alors que les données étaient déjà rassemblées.
"Quarante-trois pour cent des décès des astronautes d'Apollo sont dus à un problème cardiovasculaire", relève l'étude. "C'est près de cinq fois plus" que pour les astronautes décédés qui n'ont jamais volé (9%). Et "quatre fois plus" que pour ceux qui sont restés dans l'orbite basse de la Terre (11%), note l'étude. Ces résultats suggèrent donc que les vols habités dans l'espace lointain seraient particulièrement dangereux sur le plan cardiovasculaire.
Des résultats confirmés chez la souris
Pour aller plus loin, les chercheurs ont mené des expériences sur des souris en les exposant au type de radiations subies par les astronautes d'Apollo. Au bout de six mois (l'équivalent de vingt ans pour un homme), elles ont présenté des atteintes des artères. "Cela montre que les radiations de l'espace lointain sont mauvaises pour la santé vasculaire", souligne Michael Delp.
Avec les projets de vols habités pour Mars ou de missions sur la Lune, "les risques pour la santé vont augmenter", avertit l'étude.
Durant leur long voyage interplanétaire, les astronautes sont exposés à toutes sortes de radiations ionisantes dont des rayons cosmiques galactiques et des particules énergétiques solaires liées à l'activité du Soleil.
Une précédente étude publiée en 2015 dans Science Advances, avait déjà montré que l'exposition à des radiations de l'espace endommageait le système nerveux central et entraînait des déficiences cognitives permanentes, selon des expériences sur des souris.
Pour avancer dans sa conquête spatiale tout en protégeant ses astronautes, la NASA travaille à trouver des protections efficaces contre ces radiations.