Le vapotage passif est-il nocif pour la santé ?
Selon les autorités sanitaires norvégiennes, les dangers de la nicotine dégagée par la cigarette électronique sont les mêmes que ceux du tabac. Cependant, le risque cancérigène du vapotage passif reste très faible. Les questions de dose d'exposition devront encore être approfondies par des études complémentaires.
Tout comme le tabagisme passif, le vapotage relâche de la nicotine dans l'environnement. Inhalée par les proches, la vapeur peut avoir des effets stimulants et créer une dépendance chez les individus, estime l'Institut norvégien de la santé publique dans un rapport qui s'appuie sur la littérature scientifique existante. "Les niveaux de nicotine ambiants en cas d'exposition passive à l'aérosol de cigarettes électroniques peuvent déboucher sur des niveaux de nicotine dans le sang à peu près aussi élevés que chez un fumeur passif de cigarettes classiques", souligne même l'organisme norvégien.
"Cela signifie que des effets nicotiniques nocifs similaires peuvent être attendus en cas d'exposition passive aux cigarettes électroniques comme en cas d'exposition passive aux cigarettes habituelles", ajoute-t-il. En contractant les vaisseaux sanguins, la nicotine fait augmenter la pression artérielle et la fréquence cardiaque, exposant celui qui l'inhale à des risques cardiovasculaires. Par ailleurs, cette substance a un impact négatif sur le développement pulmonaire fœtal et la reproduction (risque de fausse couche, de naissance prématurée ou d'enfants mort-nés).
Pas ou peu de risques cancérigènes
L'institut norvégien insiste néanmoins sur le fait que la vapeur dégagée par la cigarette électronique est largement moins délétère que celle du tabac. "La e-cigarette est moins nocive que de fumer du tabac, particulièrement quand on se penche sur les risques de cancers", explique t-il. Car la fumée de tabac expose à une soixantaine de produits cancérigènes, comme le goudron, le benzène ou le monoxyde de carbone… Les risques cancérigènes de la nicotine et des solvants (formaldéhyde, acétaldéhyde, …) de la cigarette électronique sont, quant à eux, "très faibles" selon l'institut.
"(Notre rapport) ne signifie pas que l'exposition passive à des aérosols de cigarettes provoque des effets cancérigènes, mais que le tabagisme passif peut affecter le système cardio-vasculaire, avoir des effets stimulants et de contribuer à la dépendance. Si les effets sur la santé, la reproduction ou sur le développement du poumon se produisent, ils dépendront alors du degré d'exposition", conclut l'institut, ajoutant que "des études plus approfondies sont nécessaires".
S'il souligne que le vapotage peut être utile aux fumeurs pour mettre fin à leur dépendance, le rapport estime tout de même que la priorité est de ne pas rendre accro à la nicotine les non-fumeurs (ce qui les inciteraient à fumer des "vraies" cigarettes). En France, un amendement voté le 14 avril 2015 interdit le vapotage sur les lieux de travail fermés, ainsi que dans les établissements scolaires et les transports.
Pour certaines associations, le vapotage passif est impossible
La cigarette électronique "n’est responsable ni de cancers, ni d’infarctus, pour la simple raison que ces maladies résultent des goudrons, monoxyde de carbone et particules fines produits par la combustion du tabac. Dans la cigarette électronique, il n’y a ni tabac, ni combustion" expliquent l'association SOS Addictions et la Fédération Addiction dans un charte publiée le 14 avril en colaboration avec des médecins, en rappelant que "la vapeur (du vapotage) disparaît très rapidement, alors que la fumée flotte longtemps dans l’air. En pratique, la vapeur ne diffuse que d’un mètre autour du vapoteur et se dissipe".
"Le tabagisme passif a été défini comme la possibilité de contracter des maladies de fumeurs, des cancers et des infarctus notamment, dès lors qu’on est exposé de manière prolongée à la fumée du tabac. Le tabac et sa combustion étant complètement exclus du fonctionnement de la e-cigarette, le vapotage passif est impossible" ajoutent-ils. En 2013, l’OFT (Office français de prévention du tabagisme) a indiqué que « même dans les conditions les plus extrêmes, on ne peut atteindre des niveaux réputés toxiques dans une pièce où est utilisée l’e-cigarette ». "Leur pratique est sans danger pour les autres" concluent les associations.