Quels ingrédients dans les e-cigarettes ?
L’agence de sécurité sanitaire (Anses) publie une base de données des substances contenues dans les cigarettes électroniques et les produits du tabac. Elle est consultable en ligne par tous les vapoteurs et les fumeurs.
Arômes mojito, fruits rouges ou menthe… Que contiennent vraiment les liquides des cigarettes électroniques ? Une base de données publiée ce 28 octobre par l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur son site internet dresse le panorama de toutes les substances contenues dans les produits du tabac et du vapotage vendus en France. Une première au niveau européen, alors que ces informations doivent être déclarées depuis 2016.
"Concrètement, si je suis vapoteur ou vendeur d'e-liquides et si je veux me renseigner sur un produit, je vais commencer par vérifier s'il a bien été enregistré auprès de l'Anses" précise Matthieu Schuller, directeur de l'évaluation des risques de l’agence. "Je peux ensuite consulter ses ingrédients majoritaires tels que déclarés et je peux enfin regarder si l'Anses a relevé des écarts dans la déclaration du fabricant pour ce produit ".
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Un ingrédient interdit dans 4% des produits
De quels écarts s’agit-il ? Près de 4% des produits du vapotage vendus sur le marché français (3,3% à 4,2% selon l'année) ont déclaré au moins un ingrédient interdit car cancérogène, susceptible de favoriser les mutations génétiques (mutagène) ou toxique pour la fertilité ou le développement du fœtus (reprotoxique).
De même, dans les produits du tabac (cigarettes, tabac à rouler, cigares, tabac chauffé...) cette proportion est comprise entre 0,4% et 1,4% selon les années, et environ 0,2% comportent d'autres ingrédients interdits (vitamines, caféine, taurine...)
"Dans une moindre mesure (...) l'Agence a mis en évidence des non-conformités portant sur des émissions supérieures au seuil réglementaire pour certaines cigarettes ou une concentration trop élevée en nicotine dans certains produits du vapotage", ajoute l'Anses.
Des effets encore mal connus
Cette base de données, qui sera actualisée "de manière mensuelle", constitue une "première étape" avant "une évaluation des risques" éventuellement liés à chacune de ces substances, précise Matthieu Schuller.
Car pour l’heure, si les substances composants les liquides de vapotage (glycérine végétale, propylène-glycol, arômes artificiels, sucres, édulcorants, acides, extraits de plantes…) sont couramment utilisées en alimentation et en cosmétique, leurs effets lorsqu'ils sont chauffés et inhalés sont encore mal connus.
Évaluer les "substances prioritaires"
"Début 2021, on devrait avoir une idée des substances prioritaires à évaluer", estime Matthieu Schuller. Pour cela, l'Anses a déjà commencé à identifier quelles molécules sont les plus problématiques, quels produits sont les plus consommés et comment, et donc à quelles substances les vapoteurs sont les plus exposés.
L’agence réalisera aussi l'an prochain ses propres analyses sur un échantillon de produits, pour vérifier si les déclarations des fabricants correspondent à la composition réelle.
Les craintes sur les risques liés au vapotage avaient été notamment alimentés par une crise de maladies pulmonaires sévères ayant fait 60 morts l'an dernier aux États-Unis. La cause a depuis été identifiée : un ingrédient ajouté pour couper les e-liquides au cannabis, l'acétate de vitamine E.