Etes-vous accro au téléphone portable ?
Au même titre que l'addiction au sport ou au sexe, l'addiction au téléphone portable peut être un vrai problème, selon les psychiatres.
Le téléphone portable – aujourd’hui, un smartphone le plus souvent – a pris une place considérable dans notre vie. Il est sur notre table de chevet, sous notre oreiller, nous distrait dans les transports, au travail... Et nous aide quand on est perdu. D'après une étude du cabinet d'audit Deloitte, nous vérifions notre portable en moyenne 26,6 fois par jour. Faut-il y voir une forme d'addiction ? Pour le psychiatre Guillaume Fond, le portable est devenu comme "une prothèse".
- Cette Journée mondiale sans téléphone portable met en garde contre nomophobie [la peur excessive d’être séparé de son téléphone portable, ndlr].
Dr Guillaume Fond : "On parle en effet d’addiction au sexe, au sport, et maintenant au portable. Mais c'est quand des signes pathologiques apparaissent qu'on peut commencer à s'inquiéter. Le danger est d'être trop exposé aux écrans. Le cerveau est stimulé en permanence, il a une attention que l'on appelle l'attention répondante. Ce n'est pas notre esprit qui décide de fixer son attention quelque part, c'est l'écran qui le happe. On perd de la concentration, et ça peut vraiment influencer notre mode de vie et perturber le sommeil."
- À partir de quand peut-on détecter une addiction ?
Dr Guillaume Fond : Le bon test, c'est de voir ce qui se passe quand le portable est en panne, ou quand on l’a perdu. Si on fait une attaque de panique, on peut commencer à s'inquiéter. Des personnes que j’ai vues en consultation avaient l’impression d’avoir perdu un bras. Le téléphone est devenu une prolongation de nous-mêmes. Il faut être attentif à l’usage que l’on en fait. Est-ce qu'on s’en sert pour le travail, pour consulter ses mails, pour aller sur les réseaux sociaux ? Nous sommes devenus des hommes augmentés. Le portable est à l'extérieur de nous, c'est une prothèse."
- C'est une bonne chose de se dire qu'on coupe pendant une semaine ?
Dr Guillaume Fond : "Je le recommande effectivement. Ça permet de prendre conscience qu'on peut être dépendant, ou non, de cet objet. Ça permet aussi de se recentrer sur soi. Un bon moyen de limiter le portable, c'est de pratiquer la méditation. Elle nous apprend à prendre de la distance par rapport à notre impulsivité. Le portable répond à beaucoup de besoins immédiats, donc on a envie de tout, tout de suite. Mais la méditation et le fait de couper son portable permettent de prendre de la distance par rapport à tout ça."