Se désintoxiquer des jeux vidéo par les arts martiaux
Au Vietnam, une école a développé un programme d’arts martiaux pour aider les adolescents accros aux jeux vidéo à abandonner leurs écrans.
Dans cette école de la banlieue de Ho Chi Minh-ville, capitale économique du Vietnam, on laisse son téléphone portable à l’entrée. Et pour cause : le but ici, c’est de se désintoxiquer des jeux vidéo, et de tous les appareils qui permettent d’y jouer. Pour ce faire, les adolescents qui passent le pas de la porte s’inscrivent à un programme très strict de pratique des arts martiaux, le vovinam.
Un rythme de vie ascétique
Certains de ces jeunes, comme Tran Nguyen Nhat An, 16 ans, passent jusqu’à 18 heures par jour sur leurs écrans. Désormais, ils se lèvent tous les matins à 5h30 et s’astreignent à un rythme de vie ascétique, dans la plus pure tradition du vovinam, qui impose un grand contrôle physique et émotionnel. Après plusieurs semaines à l’école, Tran Nguyen Nhat An s’est habituée à ce rythme très particulier, et s’estime sevrée. "Avant, j'étais déprimée dans ma chambre. Je ne faisais aucun exercice, je ne parlais à personne... Ici je peux parler à beaucoup de gens", raconte-t-elle à l'AFP.
Plus de 300 enfants et adolescents sont scolarisés sur ce campus et y sont traités pour différentes addictions, comme la drogue ou l’alcool. Ce type d’école est présent dans cinq zones du Vietnam, et ce sont au total 1000 jeunes qui suivent ces programmes de désintoxication par la pratique du vovinam. Le problème de l’addiction aux jeux vidéo est particulièrement présent au Vietnam, où 50 % de la population a moins de 30 ans. D’après l’AFP, des millions de jeunes passent leur temps devant leur ordinateur ou dans des salles de jeux vidéo.
Dépasser ses difficultés personnelles par la pratique des arts martiaux
Pour Tran Nguyen Nhat An cependant, cette vie est terminée. Cette élève assidue qui s’entraîne désormais plusieurs fois par jour affirme que "sa santé s’améliore" et ne s’est pas remise aux jeux vidéo depuis son entrée à l’école de vovinam.
Ce type de campus a été lancé en 2009. Dans ces écoles, les élèves "doivent dépasser leurs difficultés personnelles par la pratique des arts martiaux. Cela les débarrasse de leurs vieilles habitudes et de leur paresse", selon le vice-directeur de l’établissement de Ho Chi Minh-ville, Dang Le Anh. Et bien que beaucoup d’élèves pointent la dureté des professeurs, pour certains pédopsychiatres, cette pratique est très saine. C’est notamment le cas du Dr Lam Hieu Minh, qui affirme que "les activités physiques comme les arts martiaux sont très bonnes pour les enfants, pour les aider à se divertir de façon saine et à se faire des amis".
Le problème de l’addiction aux jeux vidéo a récemment été évoqué par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sous le nom de "trouble du jeu vidéo" ou de "gaming disorder", en anglais. L’OMS compte la reconnaître officiellement dans les mois à venir. Pourtant, ce qu’on appelle également le e-sport (dont le jeu vidéo pionnier est League of Legends, un jeu de bataille en ligne), gagne progressivement ses lettres de noblesse. Au point où certains plaident déjà pour son inscription aux Jeux olympiques.