Cirrhose du foie : un diagnostic moins invasif
Le diagnostic d'une cirrhose du foie est difficile et douloureux. Pour cela, il faut en effet réaliser une biopsie. Mais il y a du nouveau. Grâce aux travaux d'un microbiologiste de l'INRA, spécialiste de la flore intestinale, un nouveau test non invasif permettrait d'éviter la biopsie, hantise des patients. Le Dr Ehrlich, chercheur à l'INRA, a découvert que la cirrhose du foie modifiait notre flore intestinale. Il suffirait alors d'analyser les selles du malade pour diagnostiquer la maladie.
Pour confirmer ou infirmer le diagnostic de cirrhose du foie, les patients doivent habituellement subir une biopsie. "La biopsie consiste à prélever un morceau de foie sous anesthésie locale le plus souvent. Et l'examen sous microscope de ce morceau de foie nous indique l'état des lésions du foie", explique le Dr Vlad Ratziu, hépato-gastro-entérologue.
L'idéal serait de limiter ce geste et le remplacer par un examen beaucoup moins invasif. À l'INRA de Jouy-en-Josas, des chercheurs ont peut-être trouvé une solution. Le Dr Dusko Ehrlich est microbiologiste, il étudie les bactéries naturellement présentes dans notre intestin. Un bouillon de culture qui en dit long sur notre état de santé.
Dans le cas d'une cirrhose du foie, les bactéries saines que l'on retrouve dans la bouche parcourt le même trajet que les aliments et se retrouvent dans l'intestin. Les bactéries de la flore buccale envahissent la flore intestinale. Ensuite, la digestion fait son travail et les bactéries de la bouche se retrouvent dans les selles. "En examinant les selles d'une personne et en évaluant la quantité de ces bactéries, on peut non seulement dire si cette personne est malade mais aussi quel est le degré de la maladie", confie le Dr Ehrlich.
Diagnostiquer une cirrhose du foie par une simple analyse des bactéries contenues dans les selles serait une avancée considérable comme le confirme le Dr Ratziu : "Ces travaux sont extrêmement intéressants car ils ouvrent la voie à une méthode diagnostique différente de celle qu'on avait jusqu'à présent qui était basée sur l'analyse du sang ou des examens d'imagerie. Et il est dans l'intérêt du clinicien d'avoir des examens de nature très différente afin de pouvoir recouper les résultats et d'avoir plus d'éléments pour trancher le diagnostic final".
Ce test non invasif pourrait être opérationnel d'ici un an. Reste aux autorités de santé à valider ce protocole expérimental.