Hépatite C : acheter son traitement moins cher à l'étranger ?
Depuis deux ans, il existe un traitement très efficace contre l'hépatite C : le Sovaldi®. Mais il s'agit de l'un des médicaments les plus chers du marché. Les prescriptions sont donc réservées aux patients les plus gravement atteints. Une situation révoltante pour certains malades qui cherchent des solutions pour se faire soigner à l'étranger.
Véronique a découvert qu'elle était infectée par le virus de l’hépatite C il y a 22 ans. Les traitements qu'elle a essayés depuis ont entraîné de tels effets secondaires qu'elle a dû les interrompre. Aujourd'hui sa maladie continue à avoir un impact important sur sa vie quotidienne : "J'ai des douleurs articulaires et de gros problèmes digestifs donc tous les matins, je pense à cette maladie", confie-t-elle. Lorsqu'elle entend parler du Sovaldi®, il y a deux ans, elle retrouve espoir.
Mais très rapidement, Véronique déchante : à cause de son coût très élevé - plus de 40.000 euros les trois mois de traitement - ce médicament est réservé aux patients les plus gravement atteints. Cette situation la révolte : "Vous êtes malade mais pas suffisamment pour que l'on s'intéresse à vous ! On est habitués à ce que la médecine nous sauve, maintenant il va falloir s'habituer à ce que la finance nous étrangle…", s'emporte-t-elle. Véronique envisage de partir s'installer en Thaïlande pour sa retraite. En effectuant des recherches sur Internet elle a découvert que dans ce pays, le Sovaldi® coûtait plus de dix fois moins cher qu'en France.
Un coût variable en fonction des pays
En effet, Gilead, le laboratoire qui fabrique ce médicament, n'applique pas le même prix en fonction des différents pays. Par exemple, le traitement de trois mois est facturé moins de 1.000 euros en Egypte contre plus de 60.000 dollars aux Etats-Unis. D'autres pays, comme l'Inde ou le Bangladesh ont même décidé de produire des génériques de ce médicament à des prix cassés. Du coup, de plus en plus de patients atteints d'hépatite C envisagent de partir à l'étranger pour se faire soigner.
Chaque jour ou presque, les bénévoles de l'association SOS Hépatites reçoivent des témoignages de patients désespérés. "J'appréhende quand je prends le téléphone", explique Michelle Sizorn, vice-présidente de l'association, "Qu'est-ce que je vais dire à ces gens là ? Je ne vais pas leur dire, réjouissez-vous, vous n'avez pas une grosse fibrose parce que ce sont des gens qui souffrent au quotidien. On a des médicaments à portée de main, c'est l'Etat qui a négocié les prix et maintenant on veut un accès pour tous !", poursuit-elle.
Manque de contrôle des médicaments vendus sur Internet
Le professeur Didier Samuel est hépatologue à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif (AP-HP). Il a collaboré avec des laboratoires produisant les nouvelles molécules contre l'hépatite C et, depuis deux ans, il a pu constater que ces médicaments ont révolutionné la prise en charge des patients. Pourtant, malgré leur efficacité, il ne peut pas les prescrire à tous ses malades. "La situation de ne pas pouvoir traiter des patients alors que l'on a des médicaments efficaces, bien tolérés à leur disposition est difficile. C'est un problème qu'il faut résoudre", affirme-t-il.
Sur Internet, de nombreuses pharmacies en ligne proposent du sofosbuvir, la molécule du Sovaldi®, sans que l'on puisse vérifier la composition de ces produits. Les associations se font même démarcher par des laboratoires qui proposent ce traitement parfois 100 fois moins cher qu'en France. Pour alerter les pouvoirs publics sur cette situation, SOS Hépatites a fait venir une boîte de génériques grâce à un club de patients américain. Elle a passé la douane sans le moindre problème…