La fissure anale, une déchirure qui fait mal
Affection fréquente et bénigne, la fissure anale est une déchirure au niveau de l'anus. À chaque passage de selles, la douleur est vive. Dans la grande majorité des cas, un traitement médicamenteux peut suffire.
Le tube digestif se termine par le canal anal et l'anus. Cet orifice se compose de deux sphincters, des muscles circulaires qui régissent la fermeture de l'anus et contrôlent la continence. A l'occasion d'une constipation, de sodomie ou d'une contraction excessive du sphincter externe, l'anus est parfois la cible d'une plaie, d'une déchirure d'1 ou 2 centimètres en forme de raquette.
La fissure anale[1] est une affection bénigne, fréquente et douloureuse. La douleur se produit au passage de chaque selle, allant d'une simple gène ou démangeaison à une véritable souffrance. D'une durée de quelques instants à quelques heures, elle s'explique à la fois par la lésion et par une contraction réflexe du sphincter. La douleur aboutit parfois à une constipation, par crainte d'exonérer et de souffrir, un cercle vicieux se mettant alors en place (la constipation exacerbe la douleur)
Quelle évolution ?
La cicatrisation est compliquée par la présence de nombreux germes contenus dans les selles et la contraction du sphincter qui diminue la vascularisation de la zone. Malgré ces conditions, dans la grande majorité des cas, l'évolution se fait vers la guérison.
La plaie peut s'infecter et ne pas se refermer, un abcès la prolongeant parfois à l'intérieur du sphincter. La fissure anale récidive souvent, en cas de constipation qui doit être prévenue.
Quels traitements ?
En aigu, le traitement[2] repose sur la prise en charge de la douleur, à l'aide de topiques anti-inflammatoires ou anesthésiants, appliqués localement. La cicatrisation est favorisée par des crèmes. Elles sont à appliquer 3 à 4 fois par jour au niveau de l'anus et du canal anal, après une toilette à l'eau et au savon à pH neutre. Attention à sécher en tamponnant doucement avec une serviette, avec délicatesse et sans frotter… La prise d'antalgique en comprimés est possible si la douleur le justifie, en veillant à ne pas cumuler 2 anti-inflammatoires. Le traitement dure au moins un mois, parfois davantage lorsque la plaie récidive.
D'après la revue Cochrane[3], la nitroglycérine, l'injection de toxine botulique ou de médicaments locaux tels que le diltiazem et la nifédipine, ont démontré une efficacité légèrement supérieure au placebo.
En complément, la lutte contre la constipation est indispensable, en buvant au moins 1,5 litre d'eau par jour et en privilégiant les fruits et légumes ainsi que les céréales et le pain complet. Des laxatifs chroniques, moins agressifs que les laxatifs stimulants, peuvent être prescrits par le médecin.
Si la douleur ne s'atténue pas, s'il y a des suintements (écoulements), si la constipation se majore, si les saignements sont importants, une nouvelle consultation est nécessaire.
La chirurgie réservée à certains cas
En cas de fissure chronique, d'infection, de douleurs intenses, d'absence de cicatrisation ou de récidive, la chirurgie se révèle indispensable. Pour les fissures récentes ou très douloureuses, la "sphinctérotomie" est indiquée. Elle consiste à faire une section dans le sphincter anal pour le "relâcher". La cicatrisation s'obtient en quelques semaines environ. Le risque est une incontinence anale, le plus souvent temporaire.
Les fissures anciennes sont parfois traitées par "fissurectomie", qui consiste à retirer toute la fissure. La cicatrisation prend 4 à 8 semaines et les suites opératoires nécessitent un arrêt de travail, habituellement de 2 semaines. Il est recommandé de s'asseoir sur une bouée, d'éviter les bains durant quelques semaines, de ne pas pratiquer de sports violents ou la natation tant que la cicatrisation n'est pas complète (durant 4 à 6 semaines).
[1] Manuel Merck : anal fissure
[2] Société nationale française de gastro-entérologie : la fissure anale
[3] Revue Cochrane : Traitement non chirurgical de la fissure anale
Fissure et hémorroïdes : quelles différences ?
Les hémorroïdes provoquent une "boule", du fait de la dilatation de la veine malade. Elles sont moins douloureuses que la fissure et le saignement est
La douleur est présente dans les deux cas mais supérieure en cas de fissure. Les saignements sont plus abondants. Dans le doute, un proctologue fera facilement la différence, ce qui est indispensable pour adapter le traitement.