Levothyrox : une association exige une expertise indépendante concernant la présence "d'impuretés"
L’Association française des malades de la thyroïde réclame une étude indépendante pour identifier d’éventuelles impuretés dans la nouvelle formule du Levothyrox qui auraient pu être la cause des effets secondaires enregistrés.
"Une expertise scientifique indépendante." C’est ce que demande aux autorités sanitaires l’Association française des malades de la thyroïde (AFMT) le 27 juin 2019. L’objectif : identifier des "impuretés" présumées dans les comprimés de la nouvelle formule du Lévothyrox mise sur le marché au printemps 2017.
D’après l’AFMT, ces impuretés pourraient en effet être à l'origine des effets indésirables (douleurs musculaires, fatigue, céphalées, troubles digestifs...) ressentis et déclarés par 31.000 patients. "Il est nécessaire d'identifier ces impuretés pour savoir si elles sont en cause", a ainsi insisté Gérard Bapt, ancien député membre du conseil scientifique de l’AFMT.
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"Impuretés" controversées
Selon des analyses que l'association de patients a fait réaliser par différents laboratoires, dont le CNRS de Toulouse, une impureté, absente des lots de l'ancienne formule du médicament, "a une présence marquée" dans des lots de la formule datant de 2017. En revanche, "elle a une présence fortement diminuée, de cinq à dix fois, dans les lots de la nouvelle formule, postérieurs à 2017", souligne l'AFMT.
Pour réaliser cette nouvelle analyse indépendante, l’AFMT a sollicité un laboratoire public européen et les résultats devraient être publiés dans une revue scientifique. L’AFMT avance que les nouveaux résultats "confirment les résultats précédents" notamment ceux du chercheur toulousain au CNRS, Jean-Christophe Garrigues, qui avait décelé un "élément impur" en analysant la nouvelle formule. Cette affirmation avait été réfutée par le CNRS pour qui le chercheur n'avait "pas respecté la déontologie scientifique indispensable".
Equivalence des formules ?
Quoi qu’il en soit, sur la base des dernières analyses, "il n'est plus possible de considérer les lots ancienne formule et nouvelle formule, ni même les lots nouvelle formule entre eux, comme équivalents", analyse l'AFMT.
En avril dernier, une étude publiée dans la revue Clinical Pharmacokinetics menée par des chercheurs en biostatistiques et en pharmacologie des universités de Toulouse et de Londres affirmait elle aussi que les deux formules de ce médicament ne seraient pas équivalentes pour chaque individu.
L’affaire du Levothyrox faisant l'objet de plusieurs procédures en justice, les données de toutes ces analyses seront "versées au dossier d'instruction pénale ouverte auprès du tribunal de grande instance de Marseille", note l'AFMT.
Parmi ces pièces, le rapport final de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) sur les conséquences du passage à la nouvelle formule du Levothyrox publié le 13 juin dernier. Celui-ci concluait que le changement de formule n’avait pas occasion de problèmes graves de santé.